La chéchia est conservée par les Sénégalais pendant un siècle et portée avec les différentes tenues qu'ils revêtent tout au long de la période.
Cette coiffure est devenue emblématique des tirailleurs. Quand en 1915 la société Banania substitue un tirailleur à l'Antillaise sur ses boîtes de cacao, elle l'habille de la tenue orientale mais le coiffe de la chéchia ; peu à peu elle resserre l'image sur le visage coiffé du tirailleur puis sur sa seule chéchia.
De même, Paul Colin ne montre-t-il que la chéchia surmontant les yeux du tirailleur quand il dessine une affiche pour les troupes noires en 1940.
Cette coiffure, « l’un des symboles les plus visibles de l’islam coutumier, couvre la tête, partie noble chez le musulman »*. Portée par le soldat, la chéchia prend valeur de symbole du pouvoir en place. Elle est rouge, c'est-à-dire de l'une des couleurs prisées par le prophète Mahomet. Elle ne comporte pas de visière pour permettre au croyant de se prosterner jusqu'au sol lors de la prière.
Pendant la Première Guerre mondiale, la chéchia portée au combat est parfois recouverte d'un manchon en toile kaki clair, puis confectionnée en drap bleu foncé dès la fin de 1914 ou le début de 1915, puis en drap bleu clair et enfin kaki en 1916. Après cette date, le casque écarte la chéchia du champ de bataille ; elle peut alors reprendre sa couleur d'origine. Le port de cette coiffure est abandonné après la Seconde Guerre mondiale.
* Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans. Rites, mystique et civilisation. Paris, Albin Michel, 1995.