Bagnères-de-Luchon, envoyé spécial
Christopher Froome a assommé le peloton du Tour de France, déjà bien accablé par la chaleur du jour. Le Britannique, à la recherche d’un troisième sacre, a encore mis en difficulté ses principaux rivaux. Avant sa démonstration, Thibaut Pinot, grand perdant de la veille, se mêle à une échappée précoce et passe en tête au sommet du Tourmalet, premier col hors catégorie du Tour 2016, avant d’être avalé puis laissé sur place à 42 km de la ligne par un reliquat de peloton.
Bardet : « On était tous un peu à fond »
Et alors que l’équipe Movistar de Nairo Quintana apparaît dégarnie au moment d’aborder les dernières difficultés du copieux programme de cette deuxième journée pyrénéenne, la formation Sky prend les commandes. Forts de cinq éléments dans la dernière ascension – le col de Peyresourde (1ère catégorie) –, les Sky impriment un rythme qui ne permet pas à leurs adversaires de tenter la moindre sortie.
Un rythme si soutenu qu’il provoque des cassures par l’arrière – dont celle d’Alberto Contador (Tinkoff), de nouveau loin des meilleurs. « Il y a eu une belle bataille entre les favoris et on est enfin entré dans le Tour. La Sky a fait une démonstration de force aujourd’hui et on était tous un peu à fond », raconte Romain Bardet qui a regardé aux premières loges le duel Froome-Quintana en terminant à la quatrième place de l’étape.
Arrive alors le coup de grâce. Sergio Henao puis Chris Froome, en personne, placent des attaques dans les deux derniers kilomètres de la montée. Le même Froome bascule en tête puis entame la descente à fond dans une inédite position du crapaud pour creuser l’écart. A 90 km/h, c’est bien entendu le crapaud le plus rapide depuis l’origine du monde ! « Le Tour se gagne partout. Il faut profiter de toutes les opportunités. Froome a un style particulier, mais il a été efficace aujourd’hui », raconte son directeur sportif Nicolas Portal. « A l’entraînement, on se lance des défis entre nous pour descendre le plus vite possible », avance Froome, heureux de revenir en jaune en ce mois de juillet dans les Pyrénées.
Quintana déjà à la recherche du temps perdu
L’an dernier, Froome avait pris le pouvoir dans la montée de la Pierre-Saint-Martin (Pyrénées) et n’avait plus jamais lâché sa tunique. Le « Kenyan Blanc » assure désormais le spectacle sur tous les terrains...
Faisant valoir ses qualités de rouleur dans une descente large et peu technique, le grand favori du tour termine donc avec treize secondes d’avance sur un groupe où figurent Quintana, Valverde (Movistar), Bardet (AG2R La Mondiale) et Dan Martin (Etixx-Quick Step). Ajoutez à cela dix secondes de bonifications, et on comprend qu’il faudra aller chercher Froome dès dimanche, pour la première arrivée au sommet de l'épreuve à Andorre Arcalis. Faute de quoi, le jaune de son maillot pourrait se perdre très loin dans l’horizon. Quintana désigné comme l’homme qui pourrait empêcher Froome d’arriver à Paris en vainqueur à déjà vingt-trois secondes à rattraper.