Mondial de rugby: que pèse la Roumanie sur la planète ovale?

Le XV de France rencontre mercredi 23 septembre la Roumanie pour son deuxième match de Coupe du monde. Un temps nation très prometteuse, le XV du Chêne peine aujourd’hui à exister sur la planète rugby.

Les graines du rugby roumain sont françaises. Ce sont des étudiants revenus de Paris qui, au début du XXe siècle, ont importé ce sport à Bucarest. Mercredi 23 septembre, le XV de France doit affronter les fruits de cette plantation pour le compte de la deuxième journée de Coupe du monde, dans l’enceinte du Stade olympique de Londres.

Le XV du Chêne joue gros

Après un démarrage tout à la fois poussif et encourageant face à l’Italie, vaincue 32-10 samedi 19 septembre, les joueurs du sélectionneur tricolore Philippe Saint-André poursuivent leur route dans cette poule D avec un Petit Poucet de l’ovalie.

La Roumanie fera elle son entrée dans une compétition où elle joue gros. Si le résultat face aux Français importe peu, l’attitude et le niveau affichés auront leur importance. Car pour progresser et offrir de la visibilité à sa sélection, le XV du Chêne doit affronter de grandes nations du rugby plus régulièrement qu’à la seule occasion du Mondial tous les quatre ans. Et pour que les sélections majeures acceptent d’organiser des test-matchs face à elle, la Roumanie doit prouver qu’elle en vaut la peine.

« La Roumanie a toujours été un partenaire privilégié de l'équipe de France. Tout ça relève du culturel mais aussi de l'affectif. La France a voulu aider le rugby roumain car on sentait qu'il y avait la possibilité d'un ancrage très fort », explique Jean Dunyach, vice-président de la Fédération française de rugby, en charge du haut niveau.

Du talent, mais pas d’argent

Pourtant, les France-Roumanie se sont raréfiés. Le dernier remonte à 2006 et s’est soldée par une démonstration des Français (14-62). En 49 oppositions, les Roumains ne se sont imposés qu’à huit reprises. Pendant un temps, ils auraient pu prétendre élargir le cercle des équipes composant le Tournoi des V nations. Mais l’Italie a pris la place en 2000.

Aujourd’hui, le rugby roumain c’est seulement 8000 licenciés, un championnat professionnels aux abois, des talents, mais peu d’argent pour les faires éclore. « En France, il y a de très bons centres de formation, tous les ans il y a de nouveaux joueurs, aussi bien juniors que seniors, qui s'imposent, et on y investit beaucoup. En Roumanie, c'est plus compliqué pour le sport, déplore Ovidiu Tonita, joueur roumain le plus capé avec 65 sélections au compteur et qui est désormais au chômage après plus de 150 matches en Top 14. Il y a des jeunes talentueux mais je ne sais pas combien vont pouvoir continuer. »

La chute du régime communiste de Ceausescu « leur a fait mal et s'ils ont une bonne école de formation, ils n'ont plus assez de clubs de haut niveau et ont besoin de se structurer », constate Serge Laïrle, sélectionneur roumain à la fin des années 2000. Désormais, le rugby roumain survit autour d'une compétition semi-professionnelle.
 

Un XV roumain aux accents français

Pour le rendez-vous de mercredi, le sélectionneur de la Roumanie, le Gallois Lynn Howells, a reconduit, à un changement près, le XV qui s’est incliné face au Tonga (16-21), le 5 septembre lors du dernier match de préparation. Un effectif composé de cinq joueurs évoluant en France. Le pilier gauche Mihaita Lazar (Castres), le talonneur Otar Turashvili (Colomiers/Pro D2), le pilier droit Paulica Ion (Perpignan/Pro D2), le troisième ligne Valentin Ursache (Oyonnax) et le numéro 8 et capitaine Mihai Macovei (Colomiers).

Ce dernier mise sur « la solidarité » pour inquiéter les partenaires de Louis Picamoles. « Cela va nous aider pour ces grands matchs. Je ne pense pas que beaucoup d'équipes soient aussi solidaires dans cette Coupe du monde », annonce-t-il.

L’autre atout des Chênes dans cette compétition, ce sera aussi le troisième ligne de 35 ans Ovidiu Tonita et ses cinq participations au Mondial. Ils ne sont que trois, avec le Samoan Brian Lima et l’Italien Mauro Bargamsaco à afficher une telle longévité. « Tonita est l'une des principales forces motivantes de la sélection, grâce à son expérience il comprend ce que c'est la Coupe du monde et cela nous a inspirés, il a beaucoup aidé l'équipe », fait valoir Lynn Howells.

Solidarité et expérience, voilà deux fondamentaux non superflus pour qui entend contrarier le mentor français, mercredi à Londres, et redevenir un acteur qui compte sur la planète rugby.

Partager :