Tour de Turquie : Mattia Pozzo et le renouveau du cyclisme italien

Avec son air joyeux, Mattia Pozzo fait partie des nouveaux coureurs italiens qui tentent de redorer le blason du cyclisme transalpin en perdition depuis plusieurs années. En Turquie, il est toujours à l’attaque et porte le maillot distinctif décerné par le ministère de la Culture et du Tourisme qui attribue chaque jour un sprint intermédiaire.

De notre envoyé spécial en Turquie,

Fausto Coppi, Gino Bartali, Francesco Moser, Marco Pantani. Tous ces noms, qui ont fait la gloire du cyclisme italien, résonnent toujours les têtes. Mais depuis quelques années, de l’autre côté des Alpes, c’est un peu l’encéphalogramme plat. Le dopage, les problèmes politiques et le manque d’argent sont passés par là.

« Le vélo est devenu moins populaire en Italie »

En attendant, certains tentent de redonner des couleurs à cette grande nation du vélo, et Mattia Pozzo en fait partie. Après une saison 2012 brillante chez les amateurs, avec de nombreux succès dont une étape du très réputé Giro Baby, Mattia Pozzo a gagné sa place chez les professionnels.

A Marmaris, ville de villégiature située au bord de la mer Méditerranée, face à l'île grecque de Rhode, Mattia Pozzo semble heureux. Nous sommes le 1er mai, fête du travail en Turquie. Lui continue le sien en toute quiétude. Entre Marmaris et Bodrum, il a encore pris part à la grande échappée du jour.

Une bonne nouvelle pour l'Italie où, à part Vincenzo Nibali, peu de coureurs attirent les foules. Si de l’autre côté des Alpes, le vélo a longtemps été une manière de sortir de sa condition sociale, il n’y a plus cette fièvre, cet attachement à ce sport qui a fait la gloire du pays. « Le vélo est devenu moins populaire. Avant tout le monde avait l’habitude d’aller rouler après une journée de travail. Aujourd’hui, on a perdu le goût de l’effort », concède volontiers Mattia Pozzo, réputé pour ses attaques au long cours.

Né à Biella dans le Piémont, il a commencé là-bas par le VTT, vers 13 ans. Mais son terrain de jeu favori, il le trouve, entre autres, en France. « J’aime bien le Tour du Limousin et celui du Poitou-Charentes. J’adore la France et je traverse souvent la frontière pour aller faire des courses. Je me sens presque savoyard », revendique Mattia Pozzo, 25 ans, qui maîtrise parfaitement la langue de Molière.

Adore les courses belges

Mais Mattia Pozzo a trouvé un autre endroit pour s’exprimer : la Belgique. Ce fan des classiques belges a eu « la chance » de participer l’an dernier au Tour des Flandres. « C’était très fort émotionnellement », avoue-t-il.

Depuis plusieurs années, le calendrier cycliste italien s’amenuise. Le Tour du Piémont, sa région natale, n’existe plus. Dans le sud du pays, c’est le Tour de Calabre qui a disparu. « La Fédération ne fait plus son travail, tout est devenu politique », glisse un confrère italien. « C’est vrai, les courses importantes sont désormais hors de l’Italie », concède Mattia Pozzo. Le public a tendance à déserter le bord des routes lors du Giro. Milan-San Remo reste un monument du cyclisme italien, mais c’est un peu l’arbre qui cache la forêt.

C’est un hasard, mais Mattia Pozzo porte les mêmes initiales que son coureur préféré : Marco Pantani. « Il était unique. Il a donné l’amour du vélo à tellement de personnes. J’ai commencé à regarder le cyclisme à son époque. J’aime les gens qui ont marqué l’histoire de mon sport. » Sur ce Tour de Turquie, il reste encore un représentant de la grande époque du cyclisme italien : Davide Rebellin, 42 ans. « En Italie, il y a encore des personnes comme lui qui vivent le cyclisme comme un religion. » Imagine-t-il lui aussi allez aussi loin dans sa carrière ? Il lève les yeux au ciel et éclate de rire.

« J’espère que ça va aller mieux pour le cyclisme italien », confesse Mattia Pozzo. Justement, quels sont les coureurs qui feront la Une des journaux sportifs dans les prochaines années ? « Les coureurs de demain ? C’est peut-être individualiste, mais je n’ai personne en tête. Je pense d’abord à ma carrière. » Toujours en riant.

Partager :