Né pour sauter. Comme toute sa famille, Renaud Lavillenie est un passionné de saut à la perche. Son grand-père, Jean, lui a inoculé le virus. Son père, Gilles, l’a entraîné lui et son frère cadet Valentin. D’ailleurs, le frangin se destine lui aussi à une carrière d’athlète de haut niveau. Renaud est donc bien un Lavillenie.
« J’ai le potentiel des mes ambitions »
A 25 ans, l’ainé des Lavillenie qui mesure 1,77 m (un des plus petits dans la discipline) a déjà sauté à 6,01 mètres en plein air. Ce qui lui permet de détenir le record de France, ainsi que celui en salle avec 6,03 mètres franchis en mars 2011 à Paris. Avec ces statistiques, il reste le grandissime favori pour la médaille d’or à Londres. « J’ai le potentiel des mes ambitions, admet Renaud Lavillenie, mais c’est presque une obsession médiatique de vouloir me désigner comme le numéro un ».
Comment pourrait-il en être autrement pour ses premiers Jeux olympiques ? L’homme qui se dit « passionné à 150% » par sa discipline a même poussé le vice jusqu’à installer un sautoir dans son jardin en Auvergne. De quoi s’entraîner à domicile, un truc qui a même sidéré Jean Galfione, pourtant champion olympique en 1996 à Atlanta qui l’a gentiment comparé à un « psychopathe ». Mais ce n'est pas nouveau, gamin, il s'était déjà bricolé son propre sautoir.
Il est loin, le temps des regrets (été 2011), quand Renaud Lavillenie passe à côté de l’or aux championnats du monde à Daegu, en Corée du Sud. Déçu, il se contente du bronze. Mais comme il l’avoue lui-même : « faire ses propres erreurs permet d’aller de l’avant ». « J'ai appris ma leçon », assure Renaud Lavillenie, déterminé comme jamais à faire mieux que ses deux médailles de bronze mondiales (Berlin en 2009).
Champion du monde en salle à Istanbul et d’Europe à Helsinki
Avec son titre de champion du monde en salle à Istanbul en mars dernier et celui de champion d’Europe à Helsinki le 1er juillet 2012 (le seul à franchir 5,97 m), il signe la meilleure performance mondiale de l’année et déjoue la résistance des perchistes allemands, Bjorn Otto (5,92 m) et Raphael Holzdeppe (5,77 m). Mercredi 8 août, quelques semaines plus tard, le perchiste a franchi la première barre, souvent la plus périlleuse, des Jeux olympiques pour se hisser en finale du concours avec 5,65 mètres. Les deux Allemands seront aussi de la fête ainsi que leur compatriote Malte Mohr. L’autre Français, Romain Mesnil, tentera d'effacer sa 15e place de Pékin.
Encore loin de son record personnel, le Renaud Lavillenie peut espérer se hisser en haut du classement. Parmi les favoris, outre la qualification du tenant du titre, l'Australien Steven Hooker, les deux hommes qui avaient dominé le Français lors des derniers Mondiaux à Daegu n'ont pas obtenu leur qualification. Le Polonais Pawel Wojciechowski n'a pas passé la moindre barre (trois ratés à 5,35m) tandis que le Cubain Lazaro Borges a été le premier éliminé (5,50m au 2e essai). Renaud Lavillenie se dit « prêt à aller plus haut que les autre » pour tutoyer les étoiles dans le ciel de Londres.
« A chaque saut, on joue un peu sa vie », déclare Renaud Lavillenie. Ce sport qui peut paraître anodin n’a rien d’un parcours de santé. Quand l’athlète s’élance, il sait que la perche peut se briser et qu’il risque de retomber à côté du sautoir. Tutoyer les nuages à un prix. Mais pour le moment, Renaud Lavillenie a la baraqua. Même si en début d'année, une fracture à la main l'a éloigné des sautoirs pendant six semaines.
Renaud Lavillenie aborde donc les Jeux olympiques de Londres dans la peau du favori. Un cas unique cette année dans le camp français, où il pourrait devenir l'héritier de Pierre Quinon, premier Français champion olympique aux JO de Los Anges (1984) et de Jean Galfione.