De notre envoyé spécial à Durban,
L’Espagne joue bien, mais l’Espagne gagne chichement. Tel pourrait être le résumé des prestations de la sélection espagnole depuis le début du Mondial 2010. Face à l’Allemagne, en demi-finale, ce mercredi à Durban, à l’issue d’un match maîtrisé, elle s’est à nouveau imposée sur le plus petit des écarts (1-0), tout comme elle l’avait fait lors des deux précédents tours, contre le Portugal et le Paraguay. Les Allemands, pour leur part, ont déçu. En l’absence de Thomas Müller, suspendu, ils n’ont jamais paru en mesure de développer le jeu alerte qui leur avait permis d’écarter facilement l’Angleterre (4-1) et l’Argentine (4-0).
En première mi-temps, les Espagnols dominent largement, alternant les phases d’accélération avec des moments plus calmes, où ils se contentent de faire circuler le ballon avec brio. Aux 6e et 13e minutes, ça chauffe déjà sur les buts de Manuel Neuer, le portier allemand, quand David Villa est à deux doigts de reprendre une ouverture de Pedro, puis lorsque Carles Puyol place une tête puissante au dessus.
La montagne a accouché d’une souris
Rarement capable de passer le milieu de terrain, l’Allemagne passe près du hold-up à la 32e minute. Le gardien ibère Iker Casillas sauve les meubles sur un bon tir de Piotr Trochowski. A la mi-temps, on se félicite côté espagnol de la prestation de Pedro - préféré à Fernando Torres -dont la virtuosité technique affole régulièrement la défense adverse, et de la forme retrouvée de Xabi Alonso, qui en véritable chef d’orchestre distille de long ballon vers les ailes.
La domination espagnole donne cependant l’impression que la montagne a accouché d’une souris. Il semble en effet évident que l’explication tant attendue entre les deux monstres du football européen va pencher en faveur de la Roja. Le tout est alors de savoir quand. On croit le moment venu à la 58e minute lorsque que l’équipe dirigée par Vicente Del Bosque se procure trois occasions nettes coup sur coup. D’abord par Pedro dont le tir est repoussé par Neuer. Puis par Iniesta qui voit son excellent centre passer devant le but adverse sans que Villa ne puisse allonger le pied. Enfin par Pedro, à nouveau, qui frappe de peu à côté malgré une position idéale.
Casillas sauve les meubles,
Puyol débloque la situation
A l’approche du dernier quart d’heure de jeu, l’Allemagne, dont la défense fait bonne garde, commence à reculer. Mais une nouvelle fois, les attaquants allemands manquent de surprendre un adversaire dominateur. Sur une attaque menée en marchant, le milieu de Stuttgart Sami Khedira centre pour Toni Kroos dont la reprise impeccable oblige Casillas à un superbe arrêt à ras de terre. Les joueurs de Joachim Löw ont laissé passer leur - unique - chance. Quatre minutes plus tard, Puyol vient placer une tête rageuse sur un corner de son coéquipier barcelonais Xavi Hernandez. Imparable : 1-0 pour l’Espagne (73e).
En fin de match, les Espagnols n’auront pas à regretter les énormes occasions manquées en contres par Pedro et Torres, entré à la 81e. Face à eux, les Allemands attaquent sans percussion et ne parviennent pas à enflammer les derniers instants d’une rencontre durant laquelle ils n’ont été que les ombres des joueurs enthousiasmants des tours précédents. Mais sans ballon, pouvaient-ils s’en sortir autrement ?
Voici donc l’Espagne en finale de Coupe du monde pour la première fois. L’affiche inédite qui l’opposera dimanche, à Johannesburg, aux Pays-Bas promet beaucoup… à condition que les Néerlandais puissent voir la balle d’un peu plus près que ne l’ont fait les Allemands.