De notre envoyé spécial à Durban,
L’Espagnol Fernando Torres l’a annoncé samedi, au soir des quarts de finale des deux équipes : Allemagne-Espagne sera une finale avant la lettre. Mieux, le duel entre le champion d’Europe 2008 et son dauphin, mercredi 7 juillet à Durban, s’annonce aussi indécis que superbe entre des formations pratiquant actuellement, dans des styles différents, deux des meilleurs football qu’il soit donné de voir.
Depuis le début du Mondial sud-africain, le jeu des Allemands impressionne. Mieux, ils ont su allier le résultat et la manière en récitant leur football face à l’Australie (4-0), l’Angleterre (4-1) et l’Argentine (4-0). Joachim Löw, le sélectionneur allemand, est conscient du niveau de jeu actuellement pratiqué par ses joueurs : « Nous sommes vraiment capables de jouer notre jeu ou de dominer une partie face à n’importe qui. Et pour être honnête, cela fait un bout de temps que notre équipe est capable de faire le jeu 90 minutes durant. Nous avons pour cela des joueurs talentueux qui possèdent les ressources techniques pour jouer au football à notre manière. »
L'Allemagne confiante
malgré l'absence de Müller
Parmi les joueurs talentueux, figure Thomas Müller. Le meneur de jeu du Bayern Munich, grande révélation du tournoi, sera suspendu face à l’Espagne. Cependant, la force collective déployée jusqu’à présent par l’Allemagne est telle que son absence pourrait être compensée par un mental d’acier. « L’Espagne est la meilleure équipe sur le papier mais nous avons démontré lors des deux derniers matchs que nous pouvions battre des équipes supposées meilleures que nous », martèle Sebastian Schweinsteiger. De plus, pour le milieu de terrain de la Mannschaft, l’Allemagne « sera certainement habitée par une volonté de revanche et voudra montrer qu’elle est meilleure que lors de la finale de l’Euro 2008. »
A l’inverse, l’Espagne n’a pas toujours offert, depuis le début de la compétition, le football si chatoyant qui a fait d’elle un des grands favoris de ce Mondial. En quart de finale, le Paraguay lui a posé d’énormes problèmes en l’empêchant pendant une heure d’approcher de sa surface de réparation grâce à un pressing très haut. A défaut de se réjouir de la manière, le sélectionneur espagnol Vicente Del Bosque retient le résultat… et continue à regarder devant lui : « La défaite contre la Suisse a été douloureuse et puis il y a eu la joie de quatre triomphes consécutifs qui nous ont amenés en demi-finale. Mais ce n’est pas encore l’heure des bilans, c’est l’heure où l’on peut continuer à rêver. »
Fernando Torres,
buteur muet
L’inconstance espagnole s’explique en partie par la méforme d’un homme : Fernando Torres. Buteur providentiel en finale de l’Euro 2008 face à… l’Allemagne, l’avant-centre de Liverpool a connu une année difficile en club et n’a toujours pas retrouvé le niveau qui a fait de lui l’arme fatale de sa sélection en Suisse-Autriche, il y a deux ans. Malgré son manque de réussite, il conserve la confiance de ses coéquipiers et de Vicente Del Bosque : « C’est un de nos joueurs de référence, les autres sont habitués à lui. Il travaille et possède une personnalité qui va continuer à faire de lui notre attaquant. Cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’un titulaire indiscutable, mais on a fondamentalement confiance en lui. » Il sera très probablement aligné demain soir aux côtés de David Villa, actuel meilleur du tournoi (5 buts), l’homme fort de la Seleccion version 2010.
Finale avant la lettre, Espagne-Allemagne est avant tout un rendez-vous historique pour les deux sélections. Côté espagnol, on espère accéder à la première finale mondiale de son histoire. Côté allemand, on cherche à y parvenir pour la huitième fois… et à devancer le Brésil, bloqué à sept participations.