« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » La morale du Lièvre et la tortue, la célèbre fable de Jean de La Fontaine, sied parfaitement à trois des équipes composant le dernier carré de la Coupe du monde 2010. A l’exception des Pays-Bas, qui réalisent jusqu’à présent un sans-faute avec cinq victoires en cinq matchs, les autres demi-finalistes ont tous connu un petit passage à vide plus ou moins grave depuis le début de la compétition.
L'Espagne trime,
l'Allemagne impressionne
Le départ le plus laborieux fut celui de l’Espagne, battue dès son premier match de poule par la Suisse. Les coéquipiers d’Iker Casillas, donnés grands favoris avec le Brésil, ont su faire montre de caractère en alignant quatre succès consécutifs après cette défaite initiale. Mieux, ils ont forcé leur destin en quart de finale en l’emportant face au Paraguay sans avoir, de leur propre aveu, bien joué. Passer des tours en Coupe du monde sans être au maximum de ses possibilités est paradoxalement très encourageant. Cela prouve, d’une part que l’équipe possède un niveau tellement supérieur à celui de ses rivales qu’elle peut se contenter de balbutier son football tout en gagnant ; d’autre part qu’elle peut s’appuyer sur des qualités morales les jours où la technique n’est pas au rendez-vous.
L’Allemagne, après un départ canon face à l’Australie (4-0), a fait peur à ses supporters ainsi qu’à ceux qui voient dans cette jeune équipe, déjà troisième du Mondial 2006 et vice-championne d’Europe 2008, un prétendant sérieux au titre suprême. Mais il apparaît désormais clairement que la défaite face à la Serbie (0-1), lors de la deuxième journée, n’était qu’un accident de parcours. Pour gagner sa place en huitièmes de finale, la Mannschaft n’a d’ailleurs pas tremblé face au Ghana, malgré un score étriqué (1-0). Depuis, elle déroule avec une facilité déconcertante : 4-1 face à l’Angleterre et 4-0 contre l’Argentine. Quand l’Espagne peine dans la finition, l’Allemagne se procure des occasions sur commande… et en concrétise un nombre impressionnant.
L'Uruguay en réussite,
les Pays-Bas en confiance
L’Uruguay est incontestablement l’équipe surprise des demi-finales. Si elle a bien négocié son premier tour malgré un nul assez décevant face à une France fantomatique en première journée, la suite n’a pas été simple. L’apparente clémence du sort, qui a proposé aux Charruas de se mesurer tour à tour à la Corée du Sud puis au Ghana, aurait pu se transformer en cadeau empoisonné. C’est finalement à la faveur d’une incroyable réussite et d’un scénario digne des plus grands thrillers que les hommes d’Oscar Tabarez ont écarté les Black Stars de leur route. Ils devront toutefois hausser leur niveau de jeu pour aller plus loin.
Les Pays-Bas, enfin, se sont montrés dignes de leur statut d’éternel outsider. Les Oranje au jeu offensif et léché ont non seulement régalé le public mais également impressionné les observateurs avisés. Si les Néerlandais ne sont pas aussi percutants que les Allemands, ils réalisent jusqu’à présent un sans-faute, autant dire le parcours d’un futur champion du monde. Brillants en attaque et solides défensivement, ils possèdent en Arjen Robben et Wesley Sneijder deux joueurs exceptionnels capables de faire basculer un match à tout moment.
Quand les Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Wayne Rooney, voire Fernando Torres, passent à côté de leur Coupe du monde, eux sont exacts au rendez-vous. Avec ces deux gaillards, les Pays-bas peuvent même se permettre d’aligner un Van Persie en demi-teinte. De plus, leur victoire sur le Brésil, après avoir été menés au score, leur donne désormais un avantage moral sur leurs adversaires.