Escales arctiques: La route du retour (épisode 14)

Cette nuit, le vent est tombé au dessous des 15 nœuds nécessaires à faire avancer Tara à la voile. Le bateau est lourd, 150 tonnes environ, et plutôt rond de coque. Ce n'est pas un bateau de course, loin s'en faut ! Au petit matin, les voiles ont été affalées et le moteur a repris son ronronnement régulier. Mais cette journée de voile a été à la fois un véritable plaisir et un gain de temps. Car en réalité, nous étions en moyenne plus rapides qu'au moteur.

  • Jeudi 13 juin 2013

Ce matin, nous nous sommes arrêtés de 9h à 11h pour la dernière station courte de prélèvements. Nous sommes entrés dans la zone d'économie exclusive (ZEE) de la Norvège. Or, il est interdit de faire des prélèvements biologiques dans les eaux territoriales d'un quelconque pays sans en avoir demandé l'autorisation préalablement. En ce qui concerne Tara, il n'a pas été prévu de faire des prélèvements en Norvège, l'autorisation n'a donc pas été demandée. Les scientifiques se sont contentés de prendre des mesures physiques et chimiques : acidité, salinité, température, nutriments.

Un bateau rutilant

Avant d'arriver à une escale importante, tous les navigateurs le confirmeront : un bateau est nettoyé de fond en comble. Voilà donc à quoi nous avons passé une bonne partie de la journée. Tout le monde s'y est mis, par équipe de deux ou trois, et les parties communes ont été intégralement briquées et récurées. Il reste encore à chacun à faire la même chose dans les cabines.

Il était d'autant plus important de faire ce grand ménage que l'équipe change quasi intégralement à Tromso. Hormis les deux ingénieurs scientifiques, Céline Dimier et Marc Picheral, les scientifiques désertent le bateau jusqu'à Mourmansk, la première escale russe. Quant à l'équipage, il change aussi intégralement : tous s'en vont, sauf Samuel Audrain, le second actuel, qui deviendra capitaine à partir de Tromso, en remplacement de Loïc Valette, qui lui-même reviendra fin juillet directement en Russie.

Pause scientifique

L'intérêt scientifique de ce leg entre les îles Féroé et Tromso résidait dans l'échantillonnage de ce courant froid au nord où nous nous sommes rendus. Et, là, la chance a été du côté de Tara en nous pourvoyant d'un bloom de plancton exceptionnel. Mais l'expédition passe trop peu de temps dans les eaux norvégiennes pour que cela ait valu la peine de demander l'autorisation de prélever. J'ajouterai que les scientifiques norvégiens travaillant beaucoup dans ce secteur, il est déjà biologiquement connu. Tara a préféré se concentrer sur la suite en Russie, après Mourmansk, où des chercheurs russes embarqueront, et ensuite Doudinka, qui sera la dernière escale avant les glaces polaires.

Un cadeau de la mer

Nous avons bénéficié d'une météo merveilleuse pour cet avant-dernier jour de navigation. Et en début d'après-midi, Loïc, le capitaine, et Julie Poulain, la généticienne du groupe, ont aperçu un groupe de cinq ou six orques derrière le bateau. Un joli cadeau pour une fin de voyage.

Depuis Tara, 18h, à 71°Nord, 15°54' Est, en mer de Norvège…

Partager :