- Mercredi 12 juin
Avec Julie Poulain – du Génoscope, Evry, France –, qui est à bord, et Stéphanie Kandel Lewis – du laboratoire EMBL, Heidelberg, Allemagne –, Céline Dimier, l'ingénieure en biologie de Tara depuis la première expédition autour des océans, a calculé les nombre de boîtes et de filtres, les quantités de liquide de conservation et produits nécessaires pour la durée complète du voyage.
Sachant qu'il y a environ 200 échantillons par station longue, ça donne une idée du nombre de flacons et autres tubes à essai stockés ! Le bateau est grand mais il a fallu construire des étagères et investir la cale avant avec des congélateurs grands modèles.
Des filets de pêche très spéciaux
Qu'ils s'appellent Manta, WP2, Bongo, Régent ou Multinet, les filets à plancton sont standardisés pour que les conditions de prélèvement du plancton soient comparables avec celles des autres missions océanographiques.
Les filets à phytoplancton (algues...), dont s'occupe Céline Dimier, mesurent environ 40 cm de diamètre à l'ouverture pour 1,2 m de long et ont une maille plus fine que les filets à zooplancton. Ces filets sont descendus dans la couche dite DCM – Deep Chlorophylle Maximum –, où s'effectue l'essentiel de la photosynthèse, entre la surface et une centaine de mètres suivant les endroits.
Le WP2 – Working Party 2 – est l'un de ceux-là. Il a des mailles d'1/5e de millimètres – 100 microns – et peut-être déployé jusqu'à 100 m de profondeur. Il est remonté verticalement pour récupérer les micro-organismes dans toute la colonne d'eau. Le plancton se retrouve à la base du filet, dans un collecteur en forme de bouteille de 30 cm de haut en PVC, lestée au fond pour rester stable.
Trier et fixer
Céline récupère le plancton dans le collecteur, le dilue dans 3 litres d'eau puis le filtre en fonction de sa destination. Le plancton destiné à l'étude morphologique sera conservé dans le formol puis mis au réfrigérateur. Le type de fixateur utilisé pour ce plancton ne permet pas de faire des analyses génétiques. Pour la génétique, le plancton est plongé dans l'azote liquide pour être brutalement refroidi à -196°C.
Ce travail doit se faire rapidement car il suit la remontée des différents filets et le planning est serré. La filtration et la mise en tube durent au total 25 mn maximum.
A la fin de ce premier leg, pour Céline, « tout se passe bien, on est opérationnels » et elle assure qu'on apprend plus sur l'océanographie dans une campagne de cette ampleur, qui lui aura fait faire le tour du monde des océans, que sur les bancs de la fac.
Tara fait sa goélette
Ah le vent s'est enfin levé, et les voiles de Tara sont hissées. Depuis, moteurs éteints, Louis Wilmotte à la barre, nous glissons sur l'eau, en silence, à la vitesse de 8 à 9 noeuds, au moins aussi vite qu'au moteur !
Depuis Tara, 19h30, à 72°26' Nord, 12°40' Est, en mer de Norvège…