Escales arctiques: de l'influence de la température sur la vie à bord (épisode 9)

Depuis cette nuit, nous avons de nouveau un temps magnifique, mais il fait froid, la température n'a pas dépassé 2°C. Hier soir, nous étions un peu secoués par les vagues, aujourd'hui, la mer était d'huile toute la journée jusqu'à maintenant (20h) où les moutons sont réguliers. Après déjeuner, plusieurs d'entre nous lisaient sur le pont du bateau, emmitouflés dans des parkas polaires.

  • Samedi 8 juin

Les pétrels continuent à nous prendre pour un bateau de pêche et nous suivent sans relâche. Un pingouin est passé à tire d'ailes devant la proue du bateau, ce matin, c'est Yann Chavance, le correspondant de bord de l'expédition qui l'a aperçu. Yann est un spécialiste des oiseaux. Avec ce temps extraordinaire, le soleil de minuit est une réalité.

Eaux chaudes, eaux froides

Dans l'Escale arctique n°8, nous évoquions le changement de température de l'eau de mer pour expliquer la modification du plancton échantillonné. L'océan Arctique est quasiment fermé mais ils communique avec l'océan Atlantique au niveau du détroit de Fram, entre le Groenland et l'archipel du Spitzberg (Svalbard), où chaque seconde, les millions de tonnes d'eau s'échangent.

D'une part, des eaux chaudes et salées provenant de l'Atlantique – pour partie du Gulf stream - montent vers le nord par le détroit de Fram et et font le tour du bassin arctique en suivant les côtes ; d'autre part, le courant arctique froid redescend vers l'Atlantique par ce même chemin.

Or, nous naviguons actuellement vers le détroit de Fram, dans la zone où se croisent ces courants, d'où l'intérêt pour l'expédition Tara d'y faire les relevés physiques de température et de salinité.

Circulation et courants

Parmi les règles qui régissent la circulation des masses d'eau, l'une d'entre elles nous intéresse particulièrement : plus l'eau est froide et salée, plus elle est dense. En conséquence, l'eau plus salée ou plus froide va plonger vers le fond, à l'inverse, l'eau plus douce ou plus chaude, s'étalera en surface.

Ce courant froid de l'Arctique, qui circule en profondeur à sa sortie vers l'Atlantique, est dû autant à la formation de la glace de mer en hiver, qui expulse du sel et sale donc la surface froide de l'océan, provoquant sa plongée vers le fond, qu'à la fonte de la glace en été.

Mais personne ne sait exactement dans quelle mesure la fonte de la banquise due aux modifications du climat va affecter les océans en général, ce qui est certain, c'est que cela pourrait avoir des conséquences sur les courants. Or la température des courants marins impacte fortement la température des côtes, un changement aurait donc forcément des retombées sur notre quotidien.

La vie à bord, c'est dur !

Samuel Chaffron, généticien de l'Université libre flamande de Bruxelles, mais breton d'origine, a apporté dans ses bagages de quoi faire des galettes bretonnes. Justement, c'est ce soir à dîner que nous allons les déguster. A 16h30, alors que les autres scientifiques sont studieux devant leurs ordinateurs ou préparent la station longue de demain, il attaque la confection de la pâte. Et pour le goûter, notre merveilleuse cuisinière, Dominique Limbour, nous a concocté un gâteau aux oeufs aussi beau que bon. C'est dur, la vie à bord !

Depuis Tara, à 20h, 74°57' Nord et 3°41 Est, en mer du Groenland...

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