Escales arctiques: des vagues et des sons (épisode 7)

Aujourd'hui, comme chaque jour, une courte station dès ce matin 8h pour une partie des scientifiques. Le choix du lieu s'est fait impromptu à la demande des scientifiques à terre qui suivent l'expédition et ont repéré une masse d'eau intéressante à échantillonner.

  • Jeudi 6 juin 2013

Les moteurs s'arrêtent, le calme s'installe sur la bateau et réveille ceux que ne le sont pas encore. Mais Tara se met également à rouler de façon beaucoup plus intense quand il est immobile. C'est à dire que que le bateau se balance dans le sens de la largeur, sur tribord et bâbord – droite et gauche. Et quand on est dans sa bannette – la couchette – on comprend alors le rôle des bordures de bois qui nous empêchent de tomber. Espérons que c'est aussi efficace par gros temps !

Des univers sonores...

Quand les moteurs de propulsion stoppent, le bateau devient tout à coup très silencieux, à ce moment, on entend depuis l'intérieur le clapot des vagues de l'autre côté de la coque.

D'un bout à l'autre du bateau, les univers sonores varient beaucoup. A la proue – l'avant du bateau -, on entend clapoter les vaguelettes sur la coque, les haubans claquer et les bastaques grincer – les bastaques sont l'ensemble des haubans et poulies qui servent à retenir le mât pour lui éviter de pencher sous la force du vent dans les voiles. A l'arrière, sur la plage de manoeuvre, c'est plutôt le son du groupe électrogène. Le groupe fournit de l'énergie aux différents treuils utilisés pour plonger dans l'eau puis remonter la rosette CTD (voir articles précédents) et les filets, alimenter le laboratoire humide sur le pont.

Et quand tous les moteurs sont arrêtés, il reste encore, dans le carré – salle à manger - le léger bruit du moteur du pilote automatique qui rectifie la position des safrans – gouvernails - pour corriger la route.

...en mouvement constant

Le bateau n'est jamais immobile, quelque soit l'état de la mer, nous devons toujours compenser la gite dans nos déplacements, et arrimer tout ce qui peut tomber. Dans la cuisine, chaque tiroir est bloqué par un taquet en bois, quand ce n'est pas le cas, ils claquent violemment.

Mais le son, c'est aussi la vie en communauté. 14 personnes d'origines très différentes se retrouvent dans le carré pour travailler, causer, écouter de la musique et manger. On parle mécanique – en ce moment moteurs et hélices – quand on ne parle pas plancton. L'organisation de Tara, sur lequel l'équipage est peu nombreux – seulement six marins et six scientifiques, plus le correspondant de bord et le journaliste – implique que tout le monde doit se partager l'ensemble des tâches : le ménage, les quarts de veille, mais aussi l'organisation du travail avec les scientifiques et la marche du navire avec les marins. Du coup, tout le monde pose des questions à tout le monde.

Et même si l'espace personnel est très restreint, c'est en réalité un quotidien – sonore - très agréable.

Depuis Tara, en mer de Norvège, à 71°06' de latitude Nord et 3°45' de longitude Est...

 

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