Escales arctiques: immobiles au milieu de nulle part (épisode 5)

C'est aujourd'hui la seconde et dernière journée de cette longue station vers les 67° de latitude nord en mer de Norvège. Ce qui ressemble déjà à une routine de prélèvements se déroule dans anicroche. C'est vrai que tout le monde est aguerri sur Tara. Les scientifiques appliquent des protocoles qui ont été largement testés pendant la première expédition. Pas d'hésitation, donc, sur le déroulement des opérations. La mer est toujours calme, il ne fait pas très froid, c'est relativement facile de travailler. Bilan de cette station : pas de problème majeur qui n'ait été résolu. Les congélateurs se remplissent d'échantillons. « On est les meilleurs ! » s'écrie Julie Poulain, la généticienne du bord, en rangeant le matériel.

  • Mardi 4 juin 2013

Pourquoi mesurer la chlorophylle du plancton ? Le phytoplancton (le plancton végétal, les microalgues, par exemple, sont des plantes), est toujours constitué d'une seule cellule, d'une taille maximale inférieure à 1mm. Mais comme toutes les plantes, il fabrique sa substance à partir du gaz carbonique - CO2 - et de composés minéraux (azote, silice, fer, phosphates...) qu'il trouve dissouts dans l'eau de mer. Pour cela, le petit organisme capte la lumière du soleil grâce à la chlorophylle contenue dans sa cellule, et comme les feuilles des arbres, il fait de la photosynthèse, absorbant le CO2 et relâchant de l'oxygène. Le phytoplancton fournit ainsi une grande quantité d'oxygène nécessaire aux organismes qui vivent dans l'eau, les poissons, par exemple.

Du plancton dans nos poumons

Mais il produit également les deux tiers de l'oxygène de l'air de notre planète. Et dans ce domaine, les zones arctiques arrivent en deuxième position après la forêt amazonienne.
Il paraît donc très intéressant de comprendre comment fonctionnent ensemble les différents organismes de l'océan, en particulier avec les modifications induites par le réchauffement du climat.

Fonte de la banquise et vie océanique

Le climat se réchauffe, en particulier dans la région du Pôle Nord, et la banquise fond. L'eau douce, issue de la glace, modifie la salinité de l'océan, les courants, et donc forcément la répartition et la reproduction du phytoplancton. Comme celui-ci est tout en bas de la pyramide alimentaire marine - c'est lui qui est mangé par tous les autres organismes -, on imagine aisément que sa modification entraînera des conséquences pour l'ensemble de la chaîne alimentaire, de la crevette au thon - poisson carnivore, donc tout en haut de la chaîne -.

Tara, la première étude grand modèle

D'où l'intérêt particulier de l'étude menée par Tara. Les prélèvements et les études effectués par les scientifiques de Tara sur la chlorophylle, et donc le phytoplancton, permettront de compléter les observations par photos satellites, qui sont aujourd'hui les seules données existantes sur la vie du phytoplancton dans l'océan arctique.

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