- Lundi 3 juin 2013
Hier soir, comme prévu, à 22 heures 1 minute et 41 secondes en temps universel – une heure de plus sur Tara – nous passions le cercle polaire arctique à la latitude de 66°33'. Évidemment, ça a été un moment remarquable pour ceux qui étaient encore réveillés : un panneau spécialement peint pour l’occasion, une demi bouteille de champagne pour six personnes et un soleil magnifique.
Un courlis – un oiseau brun au bec effilé – a profité de ce moment pour nous rendre une longue visite et stationner une partie de la nuit sur une barre de mât. Dans cette immensité océanique, où aucune terre n’est visible, des oiseaux viennent fréquemment se reposer sur le pont des bateaux de passage.
Sciences et participation
Ce matin, le bateau s’est arrêté vers 8 heures pour que les chercheurs du bord puissent commencer à travailler. Un programme chargé pour cette deuxième longue station d’échantillonnage depuis le départ de l’expédition de Lorient le 19 mai. La mer est calme, ce qui facilite beaucoup le travail, bien qu’il reste assez physique.
Pour échantillonner, la rosette CTD (voir l’Escale arctique n°3) a été immergée quatre fois à 1 000 mètres de profondeur, et huit filets à plancton ont été déployés à 500 mètres. A partir de 700 mètres, un courant venu de l'océan Arctique fait chuter la température de l’eau à -0,5°C.
Il y a beaucoup de travail sur le pont arrière de Tara où il fait froid malgré le soleil, et certains des marins donnent des coups de main aux chercheurs, pendant que les mécaniciens profitent du calme pour chasser les pannes électriques et faire les réparations qu’ils n’ont jamais le temps de faire en route.
Plancton à tous les étages
Ici, les eaux sont très riches en plancton, pleines de minuscules crustacés : copépodes, amphipodes, krills (sortes de crevettes, nourriture préférée des baleines). Mais pour Marc Picheral, le « bloom » – efflorescence importante du plancton – est déjà passé, parce que les algues vertes sont déjà en décomposition.
Le plancton ramassé est ensuite filtré, mis en flacons dans le « laboratoire humide » sur le pont du bateau par les deux filles de l’équipe scientifique, Céline Dimier, ingénieure biologiste du laboratoire océanographique de Villefranche-sur-mer, et Julie Poulain, généticienne au Génoscope d’Evry. Alison Palmer Chase, du laboratoire d’optique de l’université du Maine (USA) travaille le « laboratoire sec », à l’intérieur du bateau, où elle étudie notamment les propriétés optiques du plancton.
Retour au point de départ
Par ce temps calme, même sans ancre flottante, le bateau dérive peu (15 milles nautiques dans la journée), et là, comme les scientifiques ont terminé leur programme du jour, les moteurs ont été rallumés pour retrouver la position de ce matin. La station d'échantillonnage doit se dérouler d'un bout à l'autre au même endroit. Nous dînons donc tranquillement dans le carré et on en profite pour souhaiter un bon anniversaire à Marc Picheral, l'ingénieur du bord.
Demain, en début d’après-midi, nous reprendrons la route toujours plus loin vers le nord.