Escales arctiques: la mécanique des sciences (épisode 8)

Ce matin, grand beau temps jusqu'à 9h30. Mais la brume est retombée d'un coup sur la mer, comme hier, et nous naviguons de nouveau sans visibilité. On ne voit rien, la mer est grise et le ciel blanc.

  • Vendredi 7 juin

Deux radars sont donc maintenant en fonction, l'un balaye la surface sur un cercle restreint de quelques milles quand l'autre peut « voir » dans un rayon de 24 milles nautiques (44,48 km). Ce puissant radar est connecté à un système AIS - Automatic Identification System – qui permet d'échanger des informations associées aux bateaux détectés. Ce système, qui fonctionne par ondes radio VHF (à haute fréquence) entre deux navires enregistrés, notifie la vitesse, le nom et le type du bateau, sa direction et son port de destination. C'est comme cela que Samuel Audrain, commandant en 2nd de Tara, a identifié sur l'écran du radar le Kleifaberg, un bateau de pêche à quelques milles de Tara, mais totalement invisible dans la brume.

L'AIS est un système précis et très utile, car un écho radar est seulement matérialisé par quelques points verts sur l'écran et par mauvais temps, il peut passer inaperçu en raison des parasites causés notamment par les vagues, contrairement aux données de l'AIS.

Deux heures de sciences en extérieur

La science suit son cours. Courte station ce matin de 9h à 11h : RAS – Rien à Signaler. Depuis le début de l'expédition vers le Nord, la quantité de plancton prélevée a tendance à diminuer. Les espèces ne sont plus les mêmes et le système complet lui-même est différent. Peut-être est-ce dû à la baisse de température de l'eau de mer. Car nous avons quitté le courant « chaud » de l'Atlantique Nord - environ 8° en surface -, pour entrer dans le courant froid qui descend de l'Arctique – actuellement plutôt 5° à 6° - et la température continue à baisser au fur et à mesure de notre voyage vers le nord.

Adaptation

L'essai de l'hélice améliorée par François Aurat (marin) pour le CPR – Continuous Plancton Recorder, l'instrument de 100kg qui est traîné au bout d'un câble par Tara et qui emmagasine en continu le plancton – n'a pas été 100% concluant : l'hélice ne tourne pas encore assez vite. Le CPR est un instrument qui défie le temps ; il a été conçu en 1931, mais pour des bateaux plus rapides que Tara. Conséquence : avec Tara, la vitesse du bateau n'est pas suffisante pour que l'hélice tourne à la vitesse requise et la quantité d'eau filtrée, donc la quantité de plancton récoltée, est trop faible. Il va donc falloir fabriquer de nouvelles pales.

Electricité

Pour le problème de l'alternateur – l'instrument qui recharge les batt

eries du bateau - bâbord, c'est un peu différent. Il ne fonctionnait plus, plusieurs personnes se sont penchées sur la question sans trouver la raison. Mais une fois transféré à tribord, l'alternateur fonctionne. Conclusion et bonne nouvelle : ce n'est pas l'alternateur qui est en panne !

La mécanique, c'est comme la science, on procède souvent par tâtonnements.

Depuis Tara, à 73°05' de latitude Nord, en mer de Norvège...
 

 

 

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