Des médicaments pas si efficaces... voire pire

D’après le Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux, un livre co-écrit par Philippe Even et Bernard Debré, deux professeurs de médecine, la moitié des médicaments commercialisés en France ne servirait à rien. Pire, certains d’entre eux seraient même nocifs.

On le sait, les Français sont les plus gros consommateurs au monde de médicaments : 47 boîtes par personne en 2011. Mais se soigner beaucoup n’est pas forcément synonyme avec bien se soigner. D’après le Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux (éd. Cherche midi) des professeurs Philippe Even et Bernard Debré, paru ce jeudi 13 septembre, 50 % des traitements mis en vente dans les pharmacies ne serviraient strictement à rien, et certains comporteraient même des risques pour la santé.

Parmi ceux-ci, les auteurs citent notamment le Zyban, présenté lors de sa commercialisation comme le remède miracle contre la dépendance au tabac. Il s’avère qu’il peut également entraîner des dépressions, des idées suicidaires ou même des hallucinations. Autre exemple : le Vastarel, un cardiovasculaire qui, pour les professeurs Debré et Even, « est inutile, et présente en plus des risques de complications cardiaques ».

Ce sont au total près de 5% des médicaments commercialisés dans l’Hexagone qui présenteraient de tels risques pour la santé. Le constat est donc violent, tout comme la charge contre les autorités sanitaires. « Je ne comprends pas pourquoi ces médicaments, identifiés comme dangereux depuis des années, sont toujours sur le marché », déclarait Philippe Even sur notre antenne.

Un remboursement qui coûte cher

Trois ans après le scandale du Mediator (ce médicament contre le diabète, utilisé comme coupe-faim et vendu pendant des dizaines d’années, qui aurait causé la mort de centaines de personnes), rien n’aurait vraiment changé, malgré plusieurs réformes du Médicament. Dans le viseur des deux auteurs, on trouve ainsi non seulement les autorités sanitaires, mais également les médecins, incapables de faire des ordonnances courtes. Les laboratoires pharmaceutiques en prennent aussi pour leur grade et sont les plus violemment critiqués. « L’industrie pharmaceutique n’agit que pour ses intérêts financiers, jamais pour l’intérêt public », estime Philippe Even.

Ces médicaments à l’utilité douteuse n’ont pas seulement des conséquences sur la santé des malades, mais aussi sur celle de l’économie française. Pour les deux auteurs de ce Guide, la Sécurité sociale économiserait près de dix milliards d’euros en déremboursant les médicaments concernés et en abaissant le prix de vente des génériques, qui est curieusement plus élevé en France qu’ailleurs en Europe.

Des solutions bienvenues, puisque le déficit de la Sécu a une nouvelle fois été montré du doigt par la Cour des comptes dans son rapport annuel sur le sujet paru ce jeudi. Un déficit qui s’élève à 14,7 milliards d’euros en 2012. Un grand ménage dans les étagères des pharmacies serait donc opportun. Comme le souligne Philippe Even, ce guide a également été écrit pour alerter les pouvoirs publics sur le sujet : « La question est posée, il faut maintenant y répondre ».

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