Le Liban se dote d’un gouvernement de compromis

C'est Souheil Bouji, le secrétaire général du Conseil des ministres, qui l'a annoncé, ce samedi 15 février : un gouvernement de compromis, composé de 24 ministres, a été formé au Liban autour de Tammam Salam. Pour la première fois depuis trois ans, le camp du Hezbollah chiite et celui de l’ex-Premier ministre Saad Hariri sont réunis au sein de l’exécutif.

Article mis à jour avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

Après dix mois d’impasse, depuis la désignation du Premier ministre Tammam Salam, le Liban retrouve un véritable exécutif. Avec ces 24 ministres nouvellement nommés, le pays se dirige, semble-t-il, vers plus de stabilité, d’autant que les deux camps rivaux, dont l’antagonisme bloquait jusque-là les négociations, sont tombés d’accord.

M. Salam, une personnalité modérée proche de l’Arabie saoudite et membre de la coalition pro-occidentale du « 14-Mars », garde son poste à la tête de l'équipe. Le ministère de l'Intérieur revient à un sunnite, partisan de l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Les Finances seront dirigées par un chiite, proche du président du Parlement Nabih Berri, allier du Hezbollah.

Les Affaires étrangères seront gérées par Gebran Bassil, le gendre du général chrétien Michel Aoun, qui est aussi un allier du Hezbollah. Enfin, la Défense est attribuée à une personnalité centriste proche du président de la République Michel Sleimane. Seul le parti chrétien Forces libanaises a refusé de participer au gouvernement, compte tenu de la présence du Hezbollah.

« Préserver l'unité nationale »

Cela donne huit postes pour le mouvement politico-militaire chiite et ses alliés, huit postes pour les tenants de la formation de Saad Hariri, et huit postes qui reviennent à la fois aux proches du président Sleimane, considéré comme « neutre », et au leader druze Walid Joumblatt. Le résultat d'un travail titanesque, puisque les principaux partis ont revu à la baisse leurs revendications pour parvenir à un compromis.

« C’est un gouvernement rassembleur », s’est réjoui le Premier ministre Tammam Salam. Selon lui, cette équipe va « préserver l’unité nationale », dans un contexte particulier, où le pays est frappé de plein fouet par l'onde de choc de la guerre en Syrie. Il faudra voir comment le Hezbollah chiite, qui intervient militairement dans le conflit syrien, va travailler avec la coalition rivale, emmenée par Saad Hariri, qui soutient l’opposition syrienne.

La coalition du « 14-Mars » a abandonné sa condition d’un retrait préalable des combattants du Hezbollah de Syrie avant d’accepter de siéger à ses côtés dans le gouvernement. Le Hezbollah a, pour sa part, accepté de renoncer au tiers de blocage.

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