Avec de nos envoyés spéciaux au camp d’Aïn Issa, Sami Boukhelifa et Boris Vichith
Des tentes en forme de serres agricoles s’étendent à perte de vue. Au milieu de ce camp poussiéreux, un vieil homme est en deuil. Hadj Mohamed Al Ahmed, vient de perdre son fils, mort à Raqqa, dans l’explosion d’une mine.
« Il y a dix jours mon fils est mort. Il avait 21 ans. Il nous a dit : " Je veux vérifier si notre maison n’est pas détruite ". On lui a dit : " N’y va pas ". Il n’a pas écouté. En arrivant il a trouvé des cadavres de jihadistes, il s’en est approché et a marché sur une mine. Il a été tué et ses amis ont eu les jambes arrachées. »
Hadj Mohamed Al Ahmed croyait avoir mis les siens à l’abri en quittant Raqqa. Aujourd’hui il est rongé par le remords. Il regrette de ne pas avoir empêché son fils d’y retourner.
« Lorsque nous sommes partis de Raqqa, il y avait des cadavres dans les rues. Les bombardements étaient incessants. Le régime, les Forces démocratiques syriennes, l’aviation américaine, l’aviation de la coalition, Daech, tout le monde tirait. Ils ont transformé notre ville en champ de bataille. Et maintenant ils nous disent que Raqqa est libérée, mais elle ne l’est pas en réalité. Une ville entièrement minée n’est pas libérée ».
Au pied de sa tente, Hadj Mohamed Al Ahmed, le reconnait néanmoins : l’accès à Raqqa est défendu aux civils. Son fils n’a pas respecté l’interdiction et l’a payé de sa vie.
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