Syrie: le groupe EI affaibli au nord, les troupes rebelles renforcées à Alep

En Syrie, faute de progrès diplomatique, c'est sur le terrain que les acteurs tentent de gagner des points avec des évolutions ces dernières heures dans deux batailles-clés : à Alep (dans le nord de la Syrie), des groupes armés rebelles affirment avoir brisé le siège de la ville et selon plusieurs sources, le groupe EI a été chassé de la localité syrienne de Minbej.

La bataille d'Alep fait rage. Ce samedi, plusieurs groupes rebelles annoncent être parvenus à briser le siège de la grande ville du nord du pays. Une information pour l'instant non confirmée de source indépendante.

Dimanche dernier, ces factions islamistes ont lancé cette contre-offensive alors que ces dernières semaines, c'est le camp opposé - celui du régime et de ses alliés - qui avaient resserré l'étau sur la ville.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 500 hommes ont perdu la vie cette semaine, dans ces combats impliquant des forces iraniennes et des combattants du Hezbollah libanais qui soutiennent le régime de Bachar el-Assad.

Tournant à Minbej

A l'est d'Alep, la bataille de Minbej semble également avoir connu un tournant ce samedi. Les Forces démocratiques syriennes, majoritairement kurdes, annoncent avoir pris le contrôle de la quasi-totalité de la ville, même si des combattants du groupe Etat islamique s'y trouvent encore. Ce que confirme l'OSDH.

Minbej est une localité stratégique sur la route de Raqqa, le fief syrien du groupe Etat islamique. En appuyant les forces kurdes au sol, les avions de la coalition internationale ont causé la mort de plusieurs dizaines de civils le mois dernier, selon l'OSDH.

Vers un Kurdistan syrien ?

Pour l'historien Pierre Razoux, directeur de recherche à l'Inserm et spécialiste des conflits dans la région, c'est à la fois une défaite pour l'organisation Etat islamique et un pas de plus dans le projet politique des Kurdes syriens. « Au niveau global en Syrie et sur le plan régional et international, la plupart des acteurs anticipent un reflux de [l'organisation] Etat islamique et commencent déjà à réfléchir à l'après, en ce demandant à quoi ressemblera la Syrie dans l'après-Daech », explique le chercheur contacté par RFI.

Pour Pierre Razoux, la réponse des Kurdes consiste à dire « qu'il faudra une sorte de confédération ou un système très décentralisé qui laisse notamment aux Kurdes la plus grande autonomie possible. Et dans cette logique-là, les Kurdes de Syrie qui sont actuellement scindés en plusieurs enclaves n'ont qu'un objectif stratégique qui est de réunifier leurs enclaves pour créer une sorte de territoire homogène au nord et à l'est de la Syrie actuelle. »

Dans ce cadre, le directeur de recherche à l'Inserm ajoute que la bataille de Minbej « a permis aux Kurdes de renforcer leur territoire et de donner plus d'unité et d'homogénéité à leur territoire, et donc de rendre cette vision beaucoup plus cohérente ».

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