Le retour du spectre des armes chimiques dans le conflit syrien

Ces derniers jours en Syrie, l'opposition a accusé le régime de Damas d'avoir largué du chlore sur une localité du nord du pays, Saraqeb. De son côté, la Russie, alliée de Bachar el-Assad, assure que des rebelles ont fait usage d'agents toxiques dans une attaque au centre d'Alep.

Dans un communiqué daté du 3 août, le numéro un de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), Ahmet Uzumcu, fait part de son inquiétude, après que des articles de presse ont récemment fait part d'une possible nouvelle utilisation d'armes chimiques en Syrie :

« Ces rapports sont extrêmement préoccupants. L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) continue d'examiner tous les rapports crédibles qu'elle reçoit, y compris des informations pertinentes qui pourraient être partagées par les Etats parties à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques », relate le texte.

Les faits rapportés par un groupe humanitaire agissant dans les zones rebelles

L'utilisation des armes chimiques, qui frappent civils et combattants sans dicernement, sans distinction, est strictement interdite par les textes internationaux. Officiellement, la Syrie a procédé à la destruction totale de son arsenal déclaré de gaz de combat ces dernières années sous la pression des Occidentaux.

Mais l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, qui a supervisé ce démantèlement, constate cependant que du gaz sarin, ou encore du gaz moutarde par exemple, sont encore utilisés dans les combats syriens ces derniers mois.

Cette semaine, il est cette fois-ci encore question de chlore. Selon le groupe Protection civile syrienne, présenté par la presse comme une organisation humanitaire opérant dans les zones contrôlées par les rebelles, un nombre significatif de personnes ont été prises de difficultés respiratoires après la nuit du lundi 1er au mardi 2 août à Saraqeb.

Cette localité rebelle est située à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Alep. Pour ce groupe, c'est un hélicoptère qui a largué des bonbonnes de gaz toxique. Des bénévoles se sont rendus sur place et ont posté sur YouTube une vidéo montrant des hommes pris de difficultés respiratoires.

Vingt-quatre cas de suffocation après le largage de barils explosifs par les airs

Cité par The Guardian, Ibrahim Al-Assad, un médecin ayant traité les victimes, explique qu'ils avaient tous « des problèmes respiratoires et pulmonaires avec des symptômes bénins, modérés ou sévères ».

« Ils toussaient et avaient les yeux injectés de sang. Ils sentaient le chlore et les travailleurs de la Protection civile qui les ont sauvés ont aussi dit qu’il y avait une forte odeur de chlore sur le lieu de l’attaque », relate Ibrahim Al-Assad.

Mardi, l'ONG Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) parlait de 24 cas de suffocation après le largage de barils explosifs par des hélicoptères du régime sur Saraqeb, sans confirmer l'usage de chlore rapporté par les témoins.

Pour la Coalition nationale syrienne (CNS, opposition), le régime Assad est derrière cette possible nouvelle attaque, survenue près d'un endroit où un hélicoptère russe avait été abattu quelques heures plus tôt.

Le régime et son allié russe font également état d'un usage d'armes chimiques

Il pourrait s'agir de la deuxième attaque au gaz toxique à Saraqeb. Mais Damas a toujours démenti l'usage de gaz. Cette fois encore, le gouvernement syrien a renvoyé la balle, l’agence officielle Sana déclarant que les rebelles du quartier d'al-Sukka, à Alep, avaient utilisé des gaz toxiques sur le quartier de Saladin, tenu par le régime.

« Sept personnes sont mortes et 23 ont été évacuées vers les hôpitaux d'Alep avec des difficultés respiratoires et des brûlures des voies respiratoires », a abondé dans le même sens Sergueï Tchvarkov, chef du centre du ministère russe de la Défense pour la Syrie.

Dans le passé, l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques n'a jamais pointé la responsabilité de tel ou tel belligérant à propos de l'usage d'armes chimiques en Syrie. Mais un groupe d'experts mandaté par les Nations unies enquête actuellement sur une série de neuf attaques chimiques commises ces derniers mois.

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