Bahreïn: la peine de prison du leader de l’opposition chiite alourdie en appel

Au Bahreïn, une cour d’appel a décidé ce lundi 30 mai d’alourdir fortement la peine de prison prononcée l’année dernière contre cheikh Ali Salman, le chef de l’opposition chiite qui réclame des réformes à la dynastie sunnite au pouvoir, provoquant une aggravation des tensions politiques.

Cheikh Ali Salman, 51 ans, dirige le principal mouvement d'opposition Al-Wifaq. Il avait été condamné en juin 2015 à quatre ans de prison pour incitation à la désobéissance. Mais ce lundi, la première Haute Cour d'appel criminelle a porté cette peine à neuf ans pour complot contre le régime.

Cheikh Ali Salman avait été reconnu coupable d'avoir « incité publiquement à la haine contre les adeptes d'une confession », à savoir les sunnites ; d'avoir « incité à la désobéissance » ; et d'avoir porté atteinte au ministère de l'Intérieur en qualifiant ses employés de « mercenaires ».

L'arrestation fin décembre 2014 du leader chiite avait déjà provoqué des manifestations. Elle avait été condamnée par des organisations de défense des droits de l'homme. Ce lundi, l’ONG Human Rights First a estimé depuis Washington que le verdict prononcé par la Haute Cour d’appel criminelle était « une action dangereuse du régime » qui risquait d’« accroître l’instabilité » dans cet Etat du Golfe secoué par les violences politiques depuis plus de cinq ans. Des manifestations ont eu lieu dès ce dimanche dans des villages chiites autour de Manama pour appeler à la libération de cheikh Ali Salman.

Jalaj Fairooz, ancien député d'Al-Wifaq exilé à Londres, s'inquiète du sort réservé au leader de l'opposition et dénonce des calculs politiques venant du gouvernement. « On dirait que le gouvernement veut écarter cheikh Ali Salman pour faire déraper la situation. Et c'est une très grande source d'inquiétude pour l'opposition. Si Ali Salman n'est pas en liberté, il ne peut pas appeler les gens à rester calmes, estime-t-il, craignant le pire pour la suite. Alors on peut redouter une escalade à l'issue incertaine. C'est une immense déception cette peine alourdie pour cheikh Ali Salman. Tout le monde s'attendait à une peine allégée. Il semble que le gouvernement de Bahreïn ne recherche pas l'amélioration de la situation. »

Al-Wifaq est le principal animateur de la contestation qui a débuté en février 2011 à Bahreïn où la majorité chiite réclame à la dynastie sunnite au pouvoir des réformes politiques et une véritable monarchie constitutionnelle. En novembre, Al-Wifaq avait recensé au moins 187 cas de Bahreïnis déchus de leur nationalité ces dernières années. Il avait accusé les autorités de recourir à cette mesure pour « des raisons politiques ».

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