L'arrestation de cheikh Ali Salman a été annoncée ce samedi par le parti chiite, dont il est le président : Al-Wifaq a expliqué, dans un bref communiqué, que son dirigeant a été convoqué au siège des investigations criminelles et qu'il a été ensuite déféré devant le procureur général pour interrogatoire.
Après avoir appris son arrestation, les partisans de cheikh Ali Salman ont commencé à se rassembler devant sa résidence au centre de Manama. Mais toujours selon Al-Wifaq, les forces de l'ordre sont rapidement intervenues pour disperser les manifestants à coup de gaz lacrymogène.
La répression se durcit
Dans la crise politique qui secoue le Bahreïn depuis février 2011, cheikh Ali Salman est pourtant partisan d'une solution négociée avec le pouvoir. Contrairement à d'autres branches de l'opposition chiite plus radicales, le mouvement Al-Wifaq de cheikh Ali Salman ne demande pas la fin pure et simple de la dynastie sunnite mais milite pour l'instauration d'une monarchie constitutionnelle.
Son arrestation semble être le signe d'un durcissement notable au sein du pouvoir. « Il y a depuis 2011 – depuis le début du soulèvement au Bahreïn – une lutte au sein du régime, entre factions modérées et factions radicales. Ces factions ont des positions divergentes, sur Al-Wifaq notamment. Faut-il le considérer comme un interlocuteur légitime, comme un partenaire de négociation, ou faut-il au contraire lui faire subir le même sort que d’autres partis d’opposition dont les leaders sont en prison, certains à perpétuité ? [L'arrestation de cheikh Ali Salman] pourrait donc être le signe que les durs ont réussi à l’emporter au sein du régime », analyse ainsi Laurence Louère, professeur à Sciences Po et spécialiste du Bahreïn.
Reste à savoir s'il ne s'agit que d'un coup de semonce ou si le dirigeant d'Al-Wifaq va être jugé puis condamné, comme d'autres avant lui. Mais si cheikh Ali Salman restait en détention, cela rendrait encore plus difficile tout dialogue politique au Bahreïn.
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