Avec notre correspondante à Bagdad, Angélique Férat
C’est sans aucun doute une démonstration de force, mais les consignes étaient claires : pas de pillage, pas de casse, pas d’attaque physique ni sur les députés ni sur l’armée.
Cette journée de 1er-Mai s’est donc déroulée dans le calme avec des manifestants qui n’avaient jamais vu cette « zone verte ». Depuis 13 ans, ce lieu ultra-sécurisé abrite les différentes institutions, mais les Irakiens n’y entrent plus.
« Je n’arrive pas à croire que je suis dans la zone verte. C’est incroyable, témoigne un manifestant. C’est grâce à Moqtada al-Sadr. Je vous jure, depuis ma naissance, je n’ai pas vu autant de fleurs, ni autant de jardins et de verdure. »
« Nous sommes Irakiens, mais cet endroit nous est interdit, regrette Ali Abdel Hussein, lui aussi tout étonné et énervé. Ici, ils vivent dans l’opulence, dans des palais avec de l’électricité, et nous dehors on a des maisons en mauvais état. Certains vivent dans des maisons en boue séchée et d’autres ne trouvent même pas de quoi se loger. »
Bras de fer entre partis chiites
Avec cette occupation temporaire du parlement et de la « zone verte », Moqtada al-Sadr montre de quoi il est capable. Et cela semble fonctionner. Dimanche, le Premier ministre a réuni les chefs de groupes politiques qui ont promis des réformes rapidement. Tout en s'indignant sur la méthode choisie par le mouvement sadriste.
En fait le bras de fer est essentiellement intra-chiite. Le parti Dawa et le Conseil suprême islamique, les deux autres partis de la majorité chiite qui dirige le pays, sont sous la tutelle de l'Iran. En face, Moqtada al-Sadr se présente comme un réformiste, un nationaliste irakien, un homme qui défend toutes les communautés irakiennes.
Le député sadriste Awad al-Awadi, élu de Babylone, estime que « la décision revient au peuple irakien ». « Ils refusent toute intervention extérieure. Et comme eux nous ne voulons pas d'intervention extérieure, assure-t-il. Le peuple irakien veut des hommes du peuple qui travaillent pour le peuple irakien. Des gens indépendants, loin des partis politiques. »
L'ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite du pays, a appelé dans un message tous les Irakiens à soutenir Moqtada al-Sadr et ses demandes de réformes.