Irak: pourquoi la crise politique dure-t-elle?

Des milliers de personnes ont manifesté mardi 26 avril à Bagdad pour demander au gouvernement les réformes promises. C'est le mouvement politico-religieux de Moqtada al-Sadr qui appelle au rassemblement. C'est la plus grave crise politique à laquelle est confronté le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi, en poste depuis moins de deux ans.

Les députés irakiens ont approuvé mardi 26 avril une partie des candidats proposés au nouveau gouvernement après des semaines de retard et une session très chaotique au Parlement. Mais certains députés, qui ont été exclus de la réunion pour avoir conspué le président du Parlement et perturbé une précédente session, ont affirmé leur intention de contester légalement le vote.

Les postes clés au gouvernement sont depuis des années partagés sur la base de quotas politiques et sectaires, une pratique avec laquelle les manifestants veulent en finir.

Privilèges

Haïdar al-Abadi arrive au pouvoir en septembre 2014, après le fiasco politico-sécuritaire de son prédécesseur Nouri al-Maliki. Ce changement à la tête du pays doit alors permettre de lancer la contre-offensive contre le groupe Etat islamique, qui s'est emparé de vastes territoires irakiens.

Mais très vite, Haïdar al-Abadi est rattrapé par d'autres dossiers, à commencer par la corruption, qui mine les institutions du pays et qui discrédite la classe politique irakienne. Face à la grogne de la population, parfois relayée par le clergé chiite, le Premier ministre annonce des réformes, puis un changement de gouvernement afin de placer des technocrates aux commandes du pays. Mais à chaque fois, ces tentatives se heurtent au refus d'une bonne partie de la classe dirigeante irakienne, qui s'accroche au pouvoir et aux privilèges qui y sont associés.

C'est dans ce contexte que le mouvement sadriste, du nom de son puissant chef Moqtada al-Sadr, mobilise des manifestants depuis plusieurs semaines à Bagdad, accentuant la pression sur le Premier ministre. Une situation observée avec attention à l'étranger, où l'on s'inquiète d'une crise politique qui pourrait nuire à l'effort de guerre contre le groupe Etat islamique.

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