Les manifestants qui ont envahi le Parlement de Bagdad hier, samedi 30 avril, agitaient le drapeau noir, blanc et rouge de l'Irak. Un pays en pleine tourmente politique alors qu'il est déjà extrêmement fragilisé. En partie occupé par les jihadistes du groupe Etat islamique qui ont conquis de vastes régions sunnites [l'organisation revendique un attentat meurtrier qui a fait une trentaine de victimes ce dimanche dans le sud du pays], profitant de la fracture profonde entre cette minorité irakienne et la majorité chiite au pouvoir.
L'unité de l'Irak est également remise en cause par une autre de ses minorités : les Kurdes, qui disposent d'un territoire autonome au nord et qui expriment régulièrement leur défiance vis-à-vis de l'état central.
C'est de cet Irak en péril dont a hérité le Premier ministre Haïdar al-Abadi, arrivé au pouvoir en 2014. Sa marge de manoeuvre est extrêmement limitée en raison d'un système politique sclérosé et accusé de corruption. Cela fait des semaines que la nomination d'un gouvernement dit de « techniciens » est bloquée par le Parlement. Une situation aggravée par la chute des cours du pétrole pèse lourdement sur les finances du pays.
Une situation qui a de quoi inquiéter les puissances qui soutiennent le pouvoir de Bagdad, à commencer par les Etats-Unis et l'Iran. Empêcher le naufrage de l'Irak est un objectif partagé par Washington et Téhéran.