Egypte: la police prétend avoir identifié les assassins de Giulio Regeni

Le ministère de l’Intérieur égyptien a déclaré jeudi 24 mars avoir identifié les meurtriers de l’étudiant italien Giulio Regeni, disparu au Caire et retrouvé mort en février dernier. Une annonce qui ne lève pourtant pas le voile de suspicion recouvrant cette mystérieuse affaire.

De notre correspondant au Caire

Malgré de nouvelles révélations de la part des autorités, le mystère et la suspicion demeurent autour de la mort de l'étudiant italien Giulio Regeni en Egypte. Le ministère égyptien de l’Intérieur a annoncé dans la soirée de jeudi 24 mars avoir identifié les assassins du jeune doctorant, dont la dépouille avait été découverte début février, une semaine après sa disparition au Caire. Son corps portait des traces de coups et d’une longue torture selon l’autopsie italienne.

Cette annonce a été faite par le biais d’un curieux communiqué. Il commence par décrire une opération policière contre une bande de voleurs à main armée qui s’en prennent à des étrangers et à des Egyptiens en se faisant passer pour des policiers. Ces malfaiteurs enlèvent leurs victimes, les accusent de liens avec les terroristes, puis les dépouillent avant de les relâcher.

Selon l’exposé du ministère, au moment de leur arrestation, les cinq membres de la bande ont tiré sur les forces de l’ordre, qui ont riposté et abattu tous les bandits. La police a ensuite fait une descente chez la sœur d’un des truands. Lors de cette perquisition, elle est tombée sur un sac à dos orné d’un drapeau italien et contenant le passeport, la carte de crédit et le téléphone portable de Giulio Regeni.

Les médias égyptiens dubitatifs

Quand l’adjoint du ministre de l’Intérieur a expliqué l’affaire sur une chaîne de télévision privée égyptienne, le présentateur est resté dubitatif, relevant ce qui lui semblait être des incohérences. Le responsable du ministère lui a répondu en lui citant des numéros de plaintes pour vol déposées au commissariat.

Le peuple d’Internet s'est montré beaucoup moins réservé que le présentateur et les sarcasmes ont fusé sur Twitter et Facebook, où l’on s'est moqué de ces bandits qui gardent le passeport de leur victime en guise de souvenir. Mais la palme va à cet internaute qui écrit : « Les bandits ont même conservé un autre cadavre de Giulio Regeni. »

Suspicion

La suspicion règne autour de cette enquête. Car depuis le début de l’affaire, les autorités ont livré des explications abracadabrantes. Dès la découverte du corps de Regeni près d’une autoroute, un responsable de la police a affirmé que le doctorant avait été tué dans un accident de la route.

La semaine dernière, un témoin jailli de nulle part affirmait au parquet et aux médias avoir vu Regeni se disputer dans la rue avec un autre Italien la veille de sa disparition. Lors d’un contre-interrogatoire devant le consulat d’Italie, lieu de la prétendue bagarre, le témoin s’est embrouillé pour finalement avouer avoir tout inventé, de son propre chef. Pour, dit-il, « aider l’Egypte ».

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