Liban: les Beyrouthins manifestent massivement leur ras-le-bol général

Sur fond de blocage des institutions et de crise économique, des milliers de personnes ont manifesté samedi 29 août à Beyrouth pour dénoncer la classe politique et réclamer un changement radical. Des affrontements avec les forces de l'ordre ont éclaté à la fin de la manifestation.

Avec notre correspondant à Beyrouth,  Paul Khalifeh

Le centre-ville de Beyrouth était noir de monde. C'est bien la première fois qu'un mouvement de protestation indépendant des partis politiques traditionnels et qui se revendique transcommunautaire, parvient à mobiliser une foule aussi nombreuse.

A l'appel de plusieurs collectifs citoyens, nés ces dernières semaines, hommes, femmes et enfants ont afflué pour exprimer leur rancœur envers la classe politique qu'ils jugent corrompue et incapable de leur offrir les services les plus élémentaires. C'est d'ailleurs la crise des déchets, qui envahissent les rues depuis le 17 juillet, qui a déclenché ce mouvement inédit.

Si lors des précédents rassemblements les revendications portaient essentiellement sur les questions de la vie quotidienne, ce samedi, des slogans politiques ont fait leur apparition. Une grande partie des manifestants ont réclamé une changement radical du système politique, basé sur la répartition des principales fonctions entre les différentes communautés religieuses. « Nous voulons un Etat laïc et des lois modernes », scandaient les protestataires.

Sur des banderoles, on pouvait lire des slogans appelant à l'élection d'un président de la République, ou à l'organisation d'élections législatives. Le Liban est sans président depuis mai 2014, et le Parlement a autoprorogé son mandat de quatre ans.

Heurts et arrestations

Pour éviter des violences similaires à celles survenues le week-end dernier, les organisateurs ont constitué un service d'ordre de 500 membres. La police encadrait la manifestation et l'armée s'est déployée sur les routes menant au lieu du rassemblement.

Ce n'est qu'à la fin de la manifestation que des incidents ont éclaté entre des groupes de protestataires et les forces de l'ordre. Alors que les principaux cortèges commençaient à quitter le centre-ville de Beyrouth à l'appel des organisateurs, des dizaines de jeunes gens se sont rassemblés devant les fils barbelés installés par la police sur la route menant au Grand sérail, le siège du Premier ministre Tammam Salam.

La police affirme que des éléments indisciplinés ont commencé à lancer des projectiles et des pétards sur les forces de l'ordre. Les manifestants ont quant à eux accusé les forces de sėcuritė de les avoir attaqués en premier.

Quoi qu'il en soit, les manifestants ont réussi à franchir le premier cordon de sécurité après avoir mis le feu aux fils barbelés. Des unités anti-émeute dépéchées en renfort ont repris la situation en main et dispersé les agitateurs. Plusieurs arrestations ont eu lieu.

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