Il y a bien sûr la dimension symbolique de l'événement : le canal de Suez a été construit par des ingénieurs français et fut inauguré en présence de l'impératrice Eugénie, l'épouse de Napoléon III. Mais la place d'honneur réservée à François Hollande ne s'explique pas seulement par le rôle historique de la France dans la construction du canal.
Elle s'explique également par l'attitude conciliante adoptée par les autorités françaises à l'égard du nouveau pouvoir égyptien, depuis l'été 2013 et la destitution de Mohamed Morsi. A l'inverse d'autres pays occidentaux, comme les Etats-Unis et l'Allemagne, la France a soigneusement évité de critiquer le bilan d'Abdel Fattah al-Sissi en matière de respect des droits de l'homme. Avec la vente d'une frégate et de 24 avions de combat en février dernier, cette stratégie a très vite permis à François Hollande de trouver de fructueux débouchés pour les industriels de son pays.
Si l’Allemand Siemens a bien signé un contrat record de 8 milliards de dollars avec l’Egypte, la chancelière Angela Merkel a dénoncé publiquement devant le président al-Sissi « le nombre élevé » de peines de mort prononcées dans le pays. Un diplomate français rétorque que « parfois, il est plus efficace de passer des messages en privé que par des annonces ». Comme à chaque visite présidentielle dans un régime répressif, l’Elysée utilise la même formule : « Nous parlons en privé de tous les sujets, pas uniquement de l'économie. »
Quant au président égyptien, l'attitude adoptée par Paris a été un atout précieux dans sa quête de légitimité sur la scène internationale. Et le résultat est là. « Quel que soit le jugement porté sur le président égyptien, explique aujourd'hui un diplomate français, son pays a retrouvé une place incontournable dans la région. »
Trois avions Rafale et le navire de guerre vendus par la France à l'Egypte participeront à la parade organisée pour l'inauguration de la seconde voie du canal de Suez.