Pour l'essentiel, les discussions sur le nucléaire iranien se sont tenues à Genève, Lausanne, Montreux, Munich et Vienne. Or, en février dernier, Washington, excédé de voir la teneur de certaines discussions avec les Iraniens évoquées dans la presse internationale, avait accusé Israël de se servir de « fuites » au cours des pourparlers afin de donner de fausses interprétations de la position des Etats-Unis dans ces discussions.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, hostile à un accord avec l'Iran, avait utilisé ces fuites pour argumenter sa position. Or, depuis, la célèbre société de sécurité informatique russe Kaspersky, qui met au point entre autres des antivirus, et Symantec, une entreprise informatique américaine, affirment qu'un virus repéré dans les hôtels où se déroulaient les négociations avec l'Iran présente de troublantes similitudes avec le logiciel d'espionnage Duqu, développé par Israël.
On ne sait pas encore ce que les pirates ont fait ou obtenu, mais il est possible qu’ils aient pu récupérer les données de vidéo-surveillance, qu’ils aient eu accès aux registres des hôtels et donc aux numéros de chambres des grands noms de la diplomatie mondiale, relate notre correspondant à Vienne Nathanaël Vittrant. Et puis, il est surtout possible qu’en passant par les micros des réseaux téléphoniques, ils aient directement espionné les négociations.
Mais surtout, ce que révèle le rapport de Kaspersky, c’est que le virus espion utilisé coûterait dix millions de dollars. Il est donc vraisemblable qu’un Etat soit derrière cette attaque. Les regards des experts se tournent donc vers Israël. D’une part parce qu’on connaît l'opposition du gouvernement israélien à tout accord avec l’Iran. Ensuite parce que les services secrets de l’Etat hébreu ont déjà eu recours à de telles méthodes par le passé.
Le logiciel Duqu est lui-même très proche d'un ver informatique mis au point par les Israéliens et intitulé Stuxnet. Ce dernier avait été injecté dans les ordinateurs iraniens et avait détruit un millier de centrifugeuses servant à produire de l'uranium enrichi entre 2009 et 2010.