La levée des sanctions est devenue urgente pour un pays qui entre dans sa quatrième année de récession. Les experts estiment que les sanctions imposées à partir de 2005 par les Etats-Unis, puis par l'ensemble de la communauté internationale en 2006, ont amputé le Produit intérieur brut de la république islamique de 15 à 20 % de son potentiel.
L'Iran n'a plus le droit de faire des transactions en dollars, qui est pourtant la monnaie du commerce international. Les quatre cinquièmes de ses réserves en devises sont de toute façon bloquées, sur des comptes étrangers. Cette camisole financière a tari les investissements étrangers, entravé les échanges et nourri par conséquent une inflation à deux chiffres qui a grimpé jusqu'à 70 %. Sans parler du chômage très élevé.
Au quotidien, les familles modestes sont les premières victimes de ces sanctions. Faute d'investissements, l'industrie est en déshérence, un comble pour une grande puissance pétrolière. L'Iran, qui produisait jusqu'à 4,5 millions de barils par jour en 2005, n'en sort plus que le quart de ses puits.
Quand est-ce que les compagnies étrangères espèrent revenir sur place ?
Dans l'industrie du pétrole, plusieurs grandes compagnies européennes, dont la française Total qui a encore un bureau à Téhéran, l'italienne Eni et la néerlandaise Shell, ont déjà repris langue selon des sources iraniennes. Il y a eu des contacts dès novembre en marge de la réunion de l'Opep qui se tenait à Vienne en Autriche.
Ces sociétés étrangères sont aujourd'hui en position de force. Les Iraniens ne sont pas très contents des investissements réalisés par les Chinois et le marché pétrolier est baissier. Dans ces conditions, il faut offrir des conditions très avantageuses pour convaincre les investisseurs, et les Iraniens ont absolument besoin des technologies occidentales pour remettre leur industrie en état de marche. Ils vont donc faire des efforts.
Les Iraniens travaillent sur de nouveaux contrats, plus généreux que ceux du passé, ces contrats pourraient être présentés en septembre. Hors de l'industrie pétrolière, c'est aussi l'effervescence. Pour renouveler la flotte de la compagnie aérienne ou pour faire repartir l'industrie automobile. Peugeot mais aussi Renault, qui étaient très présents en Iran, sont bien sûr dans les starting-blocks.
Mais tout ça est entièrement dépendant du calendrier de la levée des sanctions, surtout dans le secteur bancaire. Après l'amende record infligée à BNP par la justice américaine, les acteurs redoublent de précaution. Les banques suisses sont à l'affût et proposent de jouer les intermédiaires.
Les sociétés américaines ont-elles aussi une carte à jouer ?
Que ce soit General Motors dans l'automobile, ou Boeing dans l'aéranautique, elles sont sur la brèche. Dans le secteur pétrolier, les compagnies conservent un profil bas. Certaines, comme Chevron ou Conoco Philips, ont été invitées par la compagnie nationale iranienne à revenir mais elles ne savent pas encore si l'administration américaine autorisera leur retour. Elles restent donc discrètes sur la question.