Tarek Aziz est décédé à l'hôpital de la ville de Nassiriya, dans le sud de l’Irak, où il avait été transporté récemment lorsque sa santé s'était dégradée. L'ancien chef de la diplomatie irakienne était emprisonné. Il souffrait depuis des années de problèmes cardiaques et respiratoires, d'une tension artérielle élevée et de diabète.
Un regard pétillant d'intelligence, sa petite taille et son embonpoint le rendaient presque sympathique. Mais personne n’oubliait qu’il avait la tâche redoutable et difficile de rendre accessible et présentable la pensée de Saddam Hussein. Ses adversaires et plusieurs ministres des Affaires étrangères le respectaient toutefois pour son intelligence et ses talents de négociateur.
Diplômé en littérature anglaise, il était un des rares chrétiens chaldéens à faire partie du cercle des proches du dictateur. Il était né en avril 1936 dans le village de Tal Keïf, près de Mossoul, dans le nord de l'Irak. Il s'était associé dès les années 1950 à Saddam Hussein au sein du parti nationaliste Baas. Nommé ministre des Affaires étrangères en 1983, il avait été désigné vice-Premier ministre en 1991.
Alors que se préparait la guerre contre l'Irak, Tarek Aziz avait prévenu : en cas d'attaque alliée, la réponse serait très brutale et Israël constituerait une cible, avait-il déclaré devant la presse en 1991 à l'issue d'un entretien à Genève avec James Baker, le secrétaire d'Etat américain de George Bush. « Nous sommes prêts depuis le début. S’ils décident d’attaquer l’Irak, nous ne serons pas pris par surprise. Nous avons l’expérience de la guerre et je lui ai dis que si l’administration américaine décide d’attaquer l’Irak, l’Irak se défendra de façon très brutale ». A la question de savoir s’il attaquait Israël s’il y avait la guerre au Moyen-Orient, Tarek Aziz avait répondu : « Oui, définitivement oui ».
Lors de la seconde guerre du Golfe, contrairement à beaucoup d’autres, il s'est livré lui-même aux soldats américains en 2003 après la chute de Saddam Hussein.
Tarek Aziz avait été condamné à mort en 2010 après avoir été jugé coupable de « meurtre délibéré et crimes contre l'humanité » pour la répression qui avait visé des partis religieux dans les années 1980. En 2011, il avait demandé au Premier ministre d'alors, Nouri al-Maliki, de hâter son exécutionà cause de sa mauvaise santé. Les divers Premiers ministres irakiens qui se sont succédé n'accéderont jamais à sa demande. Ce sont finalement ses problèmes de santé qui l'ont terrassé.
« L'homme de toutes les missions »
Hasni Abidi, auteur notamment d'un ouvrage intitulé Monde arabe, entre transition et implosion, aux éditions Erick Bonnier, explique que « Tarek Aziz dans le système politique irakien et surtout dans le système mis en place par Saddam Hussein était l’homme de toutes les missions et surtout des missions difficiles. » Il a œuvré dans les crises les plus importantes en Irak : la guerre contre l’Iran, l’invasion du Koweit et la guerre contre l’Irak en 2003. « C’est l’homme aussi de toutes les sorties de crises, poursuit Hasni Abidi, l’homme de toutes les grandes négociations et bien entendu de la dernière de la guerre contre l’Irak où il a essayé, après l’invasion du Koweit, de trouver des relations diplomatiques importantes. Il a réussi d’ailleurs à renouer des relations avec les Etats-Unis ».