Tarek Aziz, l'ex-homme lige de Saddam Hussein

Après la condamnation à mort de Tarek Aziz , ancien vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Saddam Hussein, la Russie et le Vatican ont appelé les autorités irakiennes à ne pas appliquer la peine capitale contre lui. Tarek Aziz était le seul responsable chrétien de haut niveau dans le gouvernement du dictateur. Il devrait faire appel de ce jugement. 

Grosses lunettes à monture d’écaille, anglais impeccable et politesse de tous les instants. Muni de cette carte de visite, Tarek Aziz a longtemps été le visage présentable et séduisant du régime irakien. Appréciée des dirigeants et des journalistes étrangers, sa vaste culture du monde occidental lui vaut la réputation d’être libéral et non-conformiste, d’autant plus qu’il est le seul haut responsable chrétien d’un système dans lequel tous les postes importants sont détenus par des musulmans.

Né en 1936 dans une famille chaldéenne de la région de Mossoul, au nord de l’Irak, Tarek Aziz a par ailleurs longtemps servi de caution à la propagande de Bagdad selon laquelle il n'a jamais existé de discrimination, en Irak, à l'égard des minorités religieuses.
Si, de son propre aveu, il ne se nourrit d’abord que d’art et de littérature, sa carrière politique décolle après sa rencontre avec Saddam Hussein en 1963. Se découvrant une proximité idéologique avec le futur dictateur, il lui restera toujours fidèle et contribuera largement à l’élaboration de la doctrine du régime jusqu’à sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères, en 1983, en pleine guerre contre l’Iran.

Dès 1968, avec l'arrivée au pouvoir du Baas à la suite d'un coup d'Etat militaire, Tarek Aziz se voit ainsi confier, en sa qualité d'idéologue, la direction du quotidien Al-Thawra, l'organe du parti. En 1979 il suit Saddam Hussein qui vient d'accéder à la présidence. Il est nommé au poste stratégique de ministre de l'Information et entre au commandement régional du parti et au Conseil de commandement de la révolution, l'instance suprême du pays.

Il a toujours nié son implication directe

Un an plus tard, en 1980, alors qu’il est vice-Premier ministre, Tarek Aziz échappe à un attentat fomenté par le parti chiite Al-Daawa al-Islamiya, en riposte à la répression impitoyable qui vise les chefs religieux chiites accusés de collusion avec l'Iran. Répression qu’il ne pouvait ignorer, et dont il est tenu responsable, faisant partie des cinq principaux responsables du régime. Pourtant, Tarek Aziz a toujours nié son implication directe dans les purges qui ont ponctué la vie politique irakienne sous Saddam Hussein.

Dans une interview accordée au quotidien britannique The Guardian en août 2010, il assure que « toutes les décisions étaient prises par le président Saddam Hussein ». « J’avais un rôle politique, ajoute-t-il, je n’ai personnellement participé à aucun des crimes qui me sont reprochés. En tant que membre du gouvernement, j’avais une responsabilité morale et je me devais de le défendre ».

L’argument n’aura pas suffi : déjà condamné en mars 2009 à quinze ans de prison pour crimes contre l’humanité, et malgré les deux crises cardiaques qui l’ont beaucoup affaibli, il écope aujourd’hui de la peine de mort « pour son rôle dans l’élimination des parties religieux », selon un porte-parole de la Haute cour pénale irakienne.

En mai 2006, en tant que témoin au procès de Saddam, il présentait encore ce dernier comme « un homme généreux, et qui aimait son peuple ».

 

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