Israël: Netanyahu à Washington pour une visite controversée

Le Premier ministre israélien est dans la capitale américaine pour une mission de trois jours. Deux discours sont prévus à son programme : lundi devant le lobby israélien, lors de la conférence annuelle de l'Aipac, mardi face aux deux Chambres du Congrès. Manœuvre électorale ou alors véritable inquiétude face au nucléaire iranien ? Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré, dimanche 1er mars, que Benyamin Netanyahu était « évidemment le bienvenu pour parler aux Etats-Unis », en dépit de la polémique qui a éclaté entre la Maison Blanche et le Congrès. 

A tout juste 15 jours des élections législatives en Israël, il semble évident pour tous que le discours du Premier ministre israélien devant les deux Chambres du Congrès fait partie intégrante de la campagne électorale. Et cette fois on entre dans le vif du sujet : le dossier nucléaire iranien. 

Dans l'opposition de gauche, on critique le voyage, relate notrre correspondant à Jérusalem Michel Paul. Le chef du gouvernement israélien n'hésite pas à mettre en danger le bien le plus précieux de son pays, affirme-t-on : les relations avec les Etats-Unis. C'est pathétique, affirme un député travailliste, Benyamin Netanyhau se rend en fait à Washington pour s'adresser aux Israéliens. 

Dans l'entourage du Premier ministre, on parle d'un effort désespéré de dernière minute pour éviter un accord catastrophique avec l'Iran. C'est un « voyage historique », souligne de son côté Netanyahu. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour garantir notre avenir », a-t-il ajouté. Un commentateur résume la situation en une phrase : Netanyahu a complètement tort d’affronter Obama, et complètement raison sur l’Iran.

Malaise dans la communauté juive

D’une façon générale, les juifs américains qu’ils soient conservateurs ou progressistes, sont d’ardents défenseurs d’Israël, analyse notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet. Mais la décision de Netanyahu a créé chez eux un malaise. Il y a ceux qui appuient le désir du Premier ministre de venir expliquer aux élus américains les raisons de son opposition à ce qu’il considère, comme un mauvais accord, sur le nucléaire iranien. Et il y a ceux qui estiment qu’il est dangereux pour Israël de se mettre à dos inutilement les Etats-Unis.

Une organisation juive radicale a acheté une pleine page du New York Times samedi, accusant Susan Rice, très critique à l’égard de la décision de Netanyahu, d’être insensible aux génocides, en raison de son inaction pendant les massacres au Rwanda. Plus modéré, Bill Kristol, rédacteur en chef du magazine conservateur Weekly Standard conseille de boycotter les discours que Susan Rice et Samantha Power, l’ambassadrice américaine à l’ONU, doivent prononcer devant l’AIPAC, le principal lobby pro-israélien, qui tient sa réunion annuelle en ce moment.

Les élus démocrates juifs pour leur part ont en fin de compte décidé d’assister au discours de Netanyahu, qui sera boudé par plus d’une quinzaine de parlementaires et par le vice-président Joe Biden qui sera de façon opportune, à ce moment-là en Amérique centrale. Combien de voix supplémentaires le Premier ministre israélien va-t-il obtenir en prononçant son discours ? Et combien va-t-il en perdre en raison de la détérioration des relations avec les USA ? La réponse à ces deux questions, le 17 mars prochain. 

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