Une trentaine d'opposants sont présents à Moscou. La plupart font partie du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique, un mouvement toléré par Damas. En revanche, la Coalition nationale, principale force d'opposition en exil, n'a pas été invitée, nous rapporte notre correspondante à Moscou, Murielle Pomponne.
Une vingtaine de ces membres ont reçu, à titre individuel, un carton d'invitation, et cinq d'entre eux ont fait le déplacement. Pour le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, il faut d'abord trouver un accord au sein de l'opposition : « Les rencontres entre les représentants des divers groupes d'opposition syriens à Moscou ne sont pas des négociations. L'objectif est de permettre aux opposants d'élaborer une plateforme afin qu'ils puissent avoir une approche comune en vue de négociations avec le gouvernement. Quant aux négociations avec le gouvernement, cela constituera l'étape suivante. Nous estimons qu'après deux jours de contact entre les opposants, les représentants du gouvernement de Syrie pourront les rencontrer, mais simplement pour établir des contacts personnels ».
La diplomatie russe dit agir de concert avec les Egyptiens qui ont également réuni l'opposition syrienne au Caire la semaine dernière. Toutefois, si la Coalition nationale syrienne en est exclue, ces pourparlers ont peu de sens. Si un accord était trouvé, cela permettra de légitimer le pouvoir de Bachar el-Assad, allié de Moscou, à un moment ou les Etats-Unis s'intéressent plus à la lutte contre l'organisation Etat islamique qu'au départ du président syrien.
La Coalition nationale syrienne dénonce une manipulation
La Coalition nationale syrienne crie au scandale. Moscou ne peut être à la fois juge et partie, estime la CNS. La Russie, principal allié de Bachar el-Assad et principal fournisseur d’armes du régime de Damas, ne peut objectivement pas être à l’origine d’une initiative de dialogue ou de paix, affirme un membre de cette opposition contacté par RFI.
En réalité, explique-t-il, la Russie cherche à reprendre la main dans le dossier syrien. Selon lui, l’enjeu pour Moscou est de continuer de protéger le clan Assad tout en essayant, avec certains opposants, de conclure un accord de sortie de crise.
Pourtant, un tel accord existe déjà. L’accord de Genève I signé en 2012 établit les principes d’une transition durant laquelle Bachar el-Assad doit céder le pouvoir. Mais cet accord a été conclu durant une période où le régime syrien semblait être en mauvaise posture face à l’opposition. Aujourd’hui, sur le terrain, la donne a changé et Damas et Moscou profitent d’une opposition faible et divisée pour rebattre les cartes.
Selon la Coalition nationale syrienne, les opposants qui se sont envolés vers Moscou pour participer aux pourparlers l’ont fait à titre personnel. Ils ne représentent en rien le peuple syrien.