Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Après une longue journée de flottement, le chef de la diplomatie turque a démenti toute utilisation de la base aérienne d’Incirlik pour des opérations de la coalition antiterroriste. Cette base sur la Méditerranée est déjà utilisée par les Américains et continuera de l’être pour des opérations de routine, mais ne servira pas aux bombardements contre les positions de l’Etat islamique ; jusqu’à nouvel ordre, car les tractations se poursuivent avec les Etats-Unis, a indiqué Mevlüt Çavusoglu.
Il a même précisé qu’il y avait « des points d’accord entre les deux alliés », mais de toute évidence pas celui-ci. Ankara, qui estime que les bombardements seuls ne suffiront pas, souhaite marchander l’utilisation de sa base contre la promesse qu’il y aura une opération terrestre.
Parmi les points d’accord, il y a la formation de combattants issus de la rébellion syrienne, 4000 hommes a priori, mais là aussi, il y a un couac : le département d’Etat américain annonce que parmi ces combattants, il y aurait des Kurdes du YPG [Yekîneyên Parastina Gel, en français Unités de protection populaire, ndlr ] ceux qui en ce moment défendent Kobane contre les jihadistes.
Mais sur ce point également, Ankara n’est pas du tout d’accord. Des cafouillages qui s’expliquent par l’empressement des Américains à s’appuyer sur la Turquie dans leur lutte antiterroriste, et aussi par l’embarras de la Turquie qui elle n’est pas pressée d’y aller.