Turquie: les réfugiés de Kobane attendent impuissants

En Syrie, les combattants kurdes de Kobane continuent de perdre du terrain face aux jihadistes de l’Etat islamique. En Turquie, de l’autre côté de la frontière, les réfugiés de Kobane s’alarment de la progression jihadiste et s’inquiètent pour les combattants restés dans la ville.

Avec notre envoyé spécial dans le sud-est de la Turquie, Daniel Vallot

Fadile n’a que 16 ans et déjà un visage marqué par le deuil et les épreuves. Assise en tailleur sur un tapis, elle raconte la mort de l’un de ses frères, tué au combat dans les faubourgs de Kobane puis le départ, il y a dix jours, de toute sa famille

« Nos combattants sont venus nous voir et ils nous ont dit qu’il fallait partir que les hommes pouvaient rester, mais que les femmes, les enfants et les personnes âgées devaient s’en aller, raconte-t-elle. On entendait les tirs, on voyait la fumée. La guerre est venue à nous si rapidement ! Nous étions terrifiés. »

C’est à pied qu’ils traversent la frontière, laissant toutes leurs possessions derrière eux. Très vite, Fadile et sa famille sont pris en charge par des associations kurdes de Turquie, mais Fadile ne pense qu’à une chose : retourner chez elle, le plus tôt possible

« J’espère que nous pourrons revenir, pour nos amis qui se battent et qui ont besoin de nous, affirme-t-elle. Bien sûr nous avons peur des jihadistes parce qu’ils ont des armes lourdes, et nous n’avons que des fusils mitrailleurs. Mais nous prions chaque jour pour que Kobane résiste. »

Comme la plupart des réfugiés de Kobane, Fadile ne comprend pas l’attitude de la Turquie qui empêche le passage des hommes et des armes, de l’autre côté de la frontière. « Le plus dur pour nous, dit-elle, ce n’est pas cette vie de réfugié, c’est d’assister impuissants, à la destruction de notre ville. »

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