Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est depuis le début de l’été, la troisième attaque du groupe islamiste contre le canton de Kobane, qui compte environ un million d’habitants, déplacés compris, mais, de l’avis général, c'est de loin la plus violente. Quelque 3 000 hommes équipés de tanks et de mortiers puissants à longue portée, avancent vers le chef-lieu du canton et ses 400 000 habitants depuis trois directions : l'ouest, le sud et l'est, alors que la ville s’appuie au nord sur la frontière turque, hermétiquement fermée. Ce qui désespère le responsable du principal parti kurde local, le PYD : « Nous n’avons d’autre choix que de résister avec nos propres moyens, explique Salih Müslim. La population ne peut ni fuir, ni recevoir de l’aide. »
Au quatrième jour de cet assaut, les tirs d’obus ont repris tôt ce jeudi matin et plusieurs projectiles ont atterri dans le centre-ville, rapporte un journaliste sur place. Jusque-là, les Forces de défense populaire, ou YPG, ont plutôt bien résisté, en détruisant trois tanks et faisant environ 70 morts dans les rangs de l’Etat islamique, et en ne perdant que sept combattants.
Mais plusieurs villages sévèrement endommagés et vidés de leur population ont connu des exécutions sommaires - au moins trois, selon des sources locales - qui craignent des massacres à grande échelle comme ceux perpétrés contre les Yézidis du Sindjar. Et Salih Müslim de lancer un appel à la Turquie et à la communauté internationale pour l’ouverture de la frontière afin d’évacuer les civils et permettre l’arrivée de combattants kurdes en renfort.