Avec notre envoyée spéciale à Gaza, Murielle Paradon
Les Gazaouis sont suspendus aux négociations au Caire et, ici, à Gaza, toutes les rumeurs circulent : rumeur d’un nouveau cessez-le-feu, rumeur de l’arrêt des négociations.
Le Hamas accuse Israël de ne pas répondre à ses revendications, notamment la levée du blocus sur Gaza. La délégation palestinienne menace donc de quitter Le Caire.
Les Israéliens de leur côté disent refuser de négocier sous les bombes, mais certaines informations font état de leur retour prochain en Egypte.
Pour les Gazaouis, la guerre continue
Il est donc très difficile de savoir ce qui se trame dans ce jeu, dans ce bras de fer finalement. En tout cas, pour les Gazaouis, la guerre continue. Il y a toujours des bombardements. Et c’est aussi une guerre des nerfs entre cessez-le-feu et reprise des combats : un jour, les Gazaouis peuvent sortir, et le lendemain, ils restent cloîtrés chez eux. C’est épuisant et surtout angoissant de ne pas savoir si le conflit va s’arrêter ou s’éterniser.
Désormais, à Gaza, les habitants sont dans l’urgence. Beaucoup ne savent pas où dormir et ont besoin de nourriture. Des besoins élémentaires que le gouvernement palestinien d’union ne fournit pas. C’est l’accusation formulée aujourd’hui par Raji Al Sourani, le directeur du Centre palestinien des droits de l’homme : « Nous vivons un désastre. La situation est catastrophique. Et le gouvernement n’est pas là. Le Premier ministre devrait être là, ses ministres aussi ! Ils n’existent pas, on ne les voit pas ! Ils doivent venir pour gérer la situation. Il y a un vide politique total à Gaza ! »
« Les membres du gouvernement doivent venir, poursuit Raji Al Sourani. Si l’Egypte ou Israël les en empêche, il doivent le dire. Mais face à la population, leur position est honteuse, inacceptable. S’ils viennent, ils peuvent faire beaucoup. Déjà, être au milieu de leur peuple et puis aider la population. Gaza a un besoin urgent de tout un tas de services que le gouvernement doit fournir. »
Israël: une manifestation de la gauche en faveur de la paix interdite
La police israélienne a interdit la manifestation de la gauche israélienne qui devait avoir lieu ce samedi soir 9 août à Tel-Aviv. C'est la seconde fois qu'une manifestation pacifiste est interdite depuis le début de l'offensive israélienne à Tel-Aviv. Officiellement, pour raison de sécurité.
Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
Changement de cap vers la paix : ce devait être le thème de la manifestation du Camp israélien de la paix. Le mouvement « Colombe » Meretz - le Parti communiste d'Israël -, le Front démocratique pour la paix et l'égalité « Hadash », et le mouvement « La paix maintenant » avaient appelé à un grand rassemblement place Rabin, à Tel-Aviv.
C'est sur ordre de la défense passive que la manifestation des pacifistes israéliens a été interdite. Tous les rassemblements de plus de 1 000 personnes ne peuvent avoir lieu en raison des risques présentés par les tirs de roquettes, a indiqué la police de Tel-Aviv. Nous respectons le droit de manifester, a souligné une source policière.
Le rassemblement aura lieu à une date ultérieure
Les organisateurs de la manifestation ont déclaré que le rassemblement aurait lieu à une date ultérieure dès qu'une trêve serait obtenue. La députée Tamar Zandberg du parti Meretz a estimé que la décision de la police était inacceptable. « Cela veut dire que nous ne pouvons pas protester contre la guerre pendant la guerre. C'est précisément maintenant que notre droit à l'expression devrait être protégé », a-t-elle ajouté.
Quelque 200 militants de gauche ont malgré tout manifesté en faveur de l'arrêt des combats et pour la levée du blocus de la bande de Gaza. Face à eux, une vingtaine d’activistes de droite et un important dispositif de police pour éviter tout incident.
France: appels au boycott lors des manifestations pro-palestiniennes
Les militants pro-palestiniens ont donné de la voix, hier, samedi 9 août, partout en France. Ils ont défilé dans plusieurs grandes villes de France, dont Paris. Une mobilisation en baisse, puisque la manifestation dans la capitale a attiré entre 3 500 et 8 000 personnes contre 10 000 à 20 000 la semaine dernière. Si les cortèges sont plus clairsemés que précédemment, il reste une carte aux pro-palestiniens pour maintenir la pression sur Israël : le boycott, au coeur des slogans de la manifestation d'hier à Paris.
Les cheveux grisonnants, Isabelle en a vu passer des opérations militaires à Gaza. Militante pro-palestinienne de longue date, elle a décidé de passer à la vitesse supérieure : « Je commence à faire le boycott des produits israéliens. Je ne sais pas si la population française va réellement se mettre à boycotter les produits israéliens, mais en tout cas, ça a montré son efficacité ».
Le boycott, c'était une des armes des opposants à l'apartheid en Afrique du Sud. Et ces derniers temps, il se refait une jeunesse, comme l'explique Mustapha : « Ils ont fait une application spéciale qui s’appelle "Buycott" et quand on flashe le code-barre, ça donne l’origine du produit. On l’a tous sur notre smartphone ».
Appel au boycott d'Orange qui a installé des antennes relais dans les colonies
Le boycott ne concerne pas que des produits de consommation. Renée Le Mignot, coprésidente du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) donne un exemple : « Le collectif a lancé une campagne de boycott par rapport à Orange qui a installé des antennes relais pour les portables dans les colonies palestiniennes. Et cela commence à les faire réfléchir ».
Et si elle compte sur le boycott pour faire plier Israël, Renée Le Mignot n'écarte pas la méthode traditionnelle. Le MRAP projette ainsi d'organiser une manifestation à Bruxelles, devant le Parlement européen.