Irak: Maliki cède et envisage une solution politique

C’est la première fois que Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien, le reconnaît : face à la menace des insurgés sunnites, le règlement de la crise dans son pays devra passer par une solution politique et pas seulement par l’action militaire. Un changement de ton extrêmement rapide puisque la veille, Maliki refusait la mise en place d’un gouvernement de salut national qui le marginaliserait.

Avec notre envoyée spéciale à Erbil, Aabla Jounaïdi

Le revirement du Premier ministre irakien a sans doute à voir avec les tractations en cours sur son propre sort, lui qui est accusé par les minorités sunnites et kurdes d’autoritarisme et de sectarisme. Des critiques que l’on retrouve d’ailleurs dans son propre camp.

Sa crédibilité est très entamée depuis que les insurgés - les islamistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et certaines factions sunnites - se sont emparés de larges zones du pays. Depuis des semaines, on spécule donc sur un remplaçant. Des noms circulent : celui de l’ancien vice-président Abdel Abdoul Mahdi, un chiite aussi et un économiste formé en France, ou encore celui de Iyad Allaoui, un chiite laïc et ancien Premier ministre en 2003.

Accroché au pouvoir

Si le président américain Barack Obama dit que ce n’est pas son travail de choisir les dirigeants de l’Irak, le New York Times vient de révéler que l’ambassadeur américain à Bagdad s’est déjà entretenu avec des chefs politiques chiites, kurdes et arabes, pour trouver un successeur à Maliki.

Difficile de savoir si l’Iran, principal allié de Bagdad, agit dans le même sens, mais à l’évidence le puissant voisin chiite devra avaliser tout changement. Mais Maliki, qui s’est toujours considéré comme l’homme providentiel de l’Irak, ne devrait pas lâcher prise si facilement. S’il parle désormais de solution politique, c’est sans doute pour gagner du temps, dans l’espoir peut-être que des victoires militaires contre les insurgés sunnites lui redonneront du crédit.

Raids aériens sur Tikrit

Le premier acte de la reconquête militaire de l'ouest du pays par l'armée irakienne pourrait se jouer à Tikrit. Cette dernière a en effet annoncé ce vendredi mener des raids aériens afin de reconquérir cette ville située au nord de Bagdad, tombée le 11 juin au main des insurgés. Jeudi, cette même armée avait déjà repris aux insurgés l'Université de Tikrit, endroit stratégique car situé sur la voie vers Baïji, la principale raffinerie de pétrole d'Irak.

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