Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Mounir Kafili était l’un des dirigeants du front turkmène d’Irak, il était également membre du conseil provincial de Kirkouk, et enfin il coordonnait l’aide humanitaire vers les nombreuses familles turkmènes déplacées depuis le coup de force des jihadistes de l’EIIL. Mardi 24 juin, il a été abattu dans une embuscade non loin de chez lui. Pour les Turkmènes, cette exécution annonce sans doute un massacre de grande ampleur contre cette population minoritaire et marginale qui, comme les chrétiens, n’a jamais constitué de milice ou de groupe armé.
« Mais désormais, explique Kemal Beyatli, président de la Fédération des associations turkmènes, basé à Istanbul, l’heure est venue de constituer des groupes d’autodéfense avec l’aide de l’étranger ». Or, « nous ne recevons d’armes de personne : les Américains ne nous en donnent pas parce que les Turkmènes ne font pas partie de leur projet régional, Israël n’en donne pas parce que leurs alliés sont les Kurdes, l’Iran ne soutient que ses alliés chiites, et la Turquie dit " si on vous donne des armes, on se retrouvera entraînés dans des problèmes " . Ainsi nous, Turkmènes, nous sommes et nous avons toujours été perdants ».
Pris entre deux feux, les Turkmènes sont extrêmement inquiets. Coincés entre les islamistes et les Kurdes qui, sous prétexte de les protéger, occupent et prennent possession de leurs terres, ils réclament une protection politique et militaire d’urgence, au-delà d'une aide humanitaire, certes nécessaire mais jusque-là insuffisante.