Mahmoud Abbas a multiplié pendant ces deux jours les déclarations susceptibles de rassurer la communauté internationale : son futur gouvernement, soutenu par l’OLP et le Hamas, reconnaîtra Israël ; il rejettera la violence et respectera ses engagements internationaux. Et ce dimanche, jour où Israël commémorait la Shoah, le président de l’Autorité palestinienne l’a qualifiée sans ambiguïté de « crime le plus odieux de l’ère moderne ».
Autant de mains tendues pour renouer les fils de la négociation rompus la semaine dernière par le Premier ministre israélien, dès l’annonce de la réconciliation OLP-Hamas – le Hamas nie toujours l’existence de l’Holocauste et refuse toute négociation avec Israël. Mahmoud Abbas souligne lui que de toute façon c’est l’OLP qui négocierait avec Israël, pas le Hamas.
Pour Alain Gresh, journaliste au Monde Diplomatique et animateur du blog Nouvelles d'Orient, cette déclaration de Mahmoud Abbas est une manière de dire clairement que l’accord avec le Hamas ne met pas en cause la volonté de négocier. « Cette déclaration sur l’Holocauste, cette déclaration qu’il a faite sur la condamnation de la violence, tout ça est une manière de dire qu’ils sont prêts à négocier, mais que c’est le gouvernement israélien qui bloque les négociations », juge Alain Gresh.
Israël sur la réserve
Ce dimanche, dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN, Benyamin Netanyahu a affirmé que pour une reprise des pourparlers de paix, il faudrait soit que Mahmoud Abbas renonce à son alliance avec le Hamas, soit que le Hamas renonce à la destruction d’Israël. Et à défaut, une reconnaissance publique par le Hamas de l’État d’Israël pourrait ramener l’État juif à la table des négociations. Tzipi Livni, la ministre de la Justice israélienne, principale diplomate en charge des négociations de paix, estime pour sa part qu’il faut attendre de voir la composition du futur gouvernement d’union palestinien.
Selon Alain Gresh, le gouvernement israélien a tout intérêt à retourner à la table des négociations « Tant qu’il négocie, les pressions exercées sur lui, de la part de l’Union européenne par exemple, sont beaucoup moins fortes, analyse-t-il. Je pense que la stratégie du gouvernement israélien est de mener des négociations à l’infini qui n’aboutiront jamais. »