Négociations suspendues: Israël peut-il se passer de Mahmoud Abbas ?

Israël digère mal le rapprochement entre l'Organisation de libération de la Palestine et le Hamas. D'ici à cinq semaines, le mouvement islamiste fera partie du nouveau gouvernement palestinien. La réunion des dirigeants de l'OLP, l’Organisation de libération de la Palestine se termine ce dimanche à Ramallah. Hier lors de son discours, Mahmoud Abbas a promis que le prochain gouvernement palestinien d'union nationale s'opposerait à la violence et reconnaîtrait l'existence d'Israël, mais pas comme un Etat juif.

Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul

Mahmoud Abbas a donné le coup de grâce au processus de paix. C’est la réaction de la présidence du conseil israélienne au discours de Mahmoud Abbas samedi, à Ramallah. Mahmoud Abbas a réaffirmé qu'il était prêt à prolonger les pourparlers de paix, comme le réclame Israël, mais à condition que le gouvernement israélien libère des prisonniers, gèle la colonisation et accepte de discuter de la délimitation des frontières du futur Etat palestinien.

à (re)lire : Pour Mahmoud Abbas, pas question de parler d'un «Etat juif»

Côté israélien on souligne que le président palestinien recycle les mêmes conditions présentées tout au long de la négociation tout en sachant parfaitement qu’Israël ne les accepterait pas… Quoiqu’il en soit, Israël n’a pas l’intention -à ce stade du moins- de reprendre les négociations avec les Palestiniens même si Mahmoud Abbas s’engage à reconnaître Israël et à rejeter le terrorisme.

Quelle alternative ?

Mais comme l'affirme l'écrivain et éditorialiste Yaïr Lapid ce dimanche matin sur les ondes de la radio publique israélienne : si le Hamas rejette publiquement le terrorisme et reconnaît Israël, ce ne sera plus le Hamas.

Autre thème développé dans les médias ce dimanche est l'absence de partenaire palestinien pour la reprise des négociations. « Après Mahmoud Abbas le déluge », titre un éditorialiste…

Les commentateurs font surtout remarquer que cette crise avec les Palestiniens vient à point nommé pour sauver le Premier ministre israélien de l’effondrement de la coalition gouvernementale et qu’en fin de compte Benyamin Netanyahu n’aura pas le choix. Il devra reprendre d’une manière ou d’une autre les discussions de paix.

Voix divergentes dans le gouvernement Netanyahu

Le Conseil des ministres réuni ce dimanche matin à Jérusalem n'a pas pris de décision opérationnelle. La suspension des négociations avec les Palestiniens adoptée jeudi dernier par le cabinet restreint reste donc en vigueur.

Mais des mots durs, très durs même, sont prononcés lors de ce Conseil des ministres, à commencer par le chef du gouvernement, Netanyahu lui-même, en cette veille de la commémoration de l’holocauste. « Le Hamas nie l’existence de l’holocauste et de provoquer une nouvelle Shoah, en détruisant l’Etat d’Israël, déclare le Premier ministre israélien. Mahmoud Abbas doit choisir entre son alliance avec le Hamas et une véritable paix avec Israël. Nous espérons qu’il abandonnera cette alliance et reviendra vers la véritable voie de la paix ».

Et l’aile droite de la coalition gouvernementale propose d’annexer purement et simplement une partie des territoires palestiniens en Cisjordanie. Il faut se préparer, affirment aussi les ultranationalistes, sans préciser un changement de direction chez les Palestiniens. Seule voix plus modérée, celle de Tzipi Livni, la ministre chargée en charge des négociations, qui estime, elle, qu’il est trop tôt pour procéder à l’enterrement du processus de paix.

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