Avec notre correspondante au Caire, Perrine Mouterde
« Je suis là à cause de la loi sur les manifestations. Le seul droit que l’on a obtenu depuis la révolution, c’est celui de descendre dans la rue ! Je suis là aussi parce que ce sont mes amis qui ont arrêté hier, des militants » clame un manifestant égyptien.
Depuis la destitution de Mohamed Morsi le 3 juillet, de nombreuses manifestations de frères musulmans ont été brutalement réprimées et des milliers de sympathisants islamistes arrêtés. Mais mardi 26 novembre, c’est une manifestation de jeunes militants laïcs qui a été violemment dispersée, et des figures de la révolution de 2011 qui ont été interpellés.
Le dérapage de trop
Alors pour beaucoup, ces évènements pourraient marquer un tournant. C’est ce que pense Hazem, 22 ans, membre des socialistes révolutionnaires : « Je pense vraiment que beaucoup de gens étaient encore confus, qu’ils voulaient encore donner une chance et du temps au pouvoir. Mais ce qui s’est passé hier prouve que le système n’a pas changé. »
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Mercredi soir, les forces de l’ordre ont laissé les manifestants marcher dans le centre-ville, même si les protestataires assurent qu’ils n’avaient pas demandé d’autorisation. Ils savent en tout cas que leur combat est loin d’être gagné.
Salma, une étudiante de 20 ans, se dit déterminée : « Nous avons fait tomber Morsi et Moubarak, nous pouvons faire tomber Sissi. J’ai très peur, mes parents ne savent pas que je suis dans la rue. Mais hier j’ai vu la police essayer de nous mettre à terre, et c’est inacceptable. »