Egypte: les manifestants demandent justice pour les morts de novembre 2011

En Egypte, plusieurs forces avaient appelé à commémorer les évènements de la rue Mohamed Mahmoud. Le 19 novembre 2011, des affrontements entre de jeunes militants et les forces de l’ordre avaient fait au moins 47 morts. Alors que l’armée jouit d’un très fort soutien populaire, des manifestants sont redescendus dans la rue hier, en l’honneur des victimes mais aussi pour critiquer le pouvoir des forces de l’ordre. Une première depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet dernier.

Avec notre correspondante au Caire, Perrine Mouterde

«Je suis là pour les victimes de Mohamed Mahmoud et pour que le ministère de l’Intérieur soit réformé, car rien n’a changé.» Ces paroles, ce sont celles d'Hamza, 17 ans. Il est membre du mouvement militant du 6 avril. Comme les centaines de jeunes réunis rue Mohamed Mahmoud, il s’oppose aux Frères musulmans mais aussi aux pouvoirs exorbitants de la police et de l’armée. C’est la première fois depuis le 3 juillet que des slogans hostiles au régime militaire résonnent dans le centre du Caire.

Mona Seif est une jeune et célèbre militante des droits de l’Homme.  «Être ici aujourd’hui, ça me fait beaucoup de bien au moral, explique t-elle. Nous sommes abattus par les derniers évènements mais là, on essaie de se regrouper. On doit faire face au retour du régime militaire, aux supporters de Mohamed Morsi, au retour du régime Moubarak… Au milieu de tout ça, nous voulons demander justice pour ceux qui sont morts et rappeler les demandes de la révolution. Être ici tous ensemble, ça fait du bien !»

Pour la première fois aussi, les forces de l’ordre ont totalement déserté la place Tahrir en ce jour de manifestation. A quelques mètres des cortèges l’atmosphère est tendue et des échauffourées éclatent entre des bandes de jeunes. En costume, la quarantaine, Yahia Nagm, un ancien diplomate, a tenu à être présent aux côtés des jeunes militants. Par solidarité. « La police aurait dû être là pour protéger les manifestants pacifiques, s'étonne t-il. Le gouvernement actuel ne nous protège pas. Ce désordre n’est pas le fruit du hasard.»

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