Avec notre correspondante au Caire, Perrine Mouterde
Deux ans plus tard, des militants ont appelé à commémorer ces évènements, mais aussi des partisans de l’armée et les Frères musulmans. Des parties accusées de chercher à réécrire l’Histoire. Au loin une sirène retenti: « C’est la sirène de la police, au moment où elle charge… », indique Omar Hamilton.
Il est l'un des fondateurs de Mosireen, un collectif qui travaille à documenter les violences policières. Il a filmé les affrontements de Mohamed Mahmoud. Mais deux ans plus tard, redescendre dans la rue pour commémorer ces évènements s’avère difficile.
«Les choses sont bien plus compliquées qu’elles ne l’étaient il y a deux ans. A l’époque c’était simple, il y avait le peuple face à la police, le peuple face à l’Etat. Aujourd’hui c’est divisé entre les Frères musulmans d’un côté, l’Etat de l’autre, les partisans de l’armée, et enfin les révolutionnaires. Avec toutes ces forces dans la rue, c’est beaucoup plus compliqué. »
«Une tentative de réécrire l'Histoire», reproche l'opposition
Les autorités ont inauguré, hier, lundi, place Tahrir un monument en l’honneur des victimes de la révolution. Des partisans de l’armée appellent eux à manifester aujourd’hui. Beaucoup de jeunes militants se disent écœurés par ces manœuvres.
«Les autorités font tout cela de manière délibérée. Dans une déclaration du ministère de l’Intérieur, elles disent qu’elles agissent en souvenir des martyrs de la révolution. Mais ce sont elles qui les ont tuées ! L’Etat essaie de faire porter la responsabilité à d’autres. C’est une tentative de réécrire l’Histoire».
Quelques centaines de personnes ont préféré manifester dès hier en souvenir des victimes mais aussi contre le régime militaire et contre celui des Frères musulmans… pour éviter d’éventuels affrontements aujourd’hui.