Avec notre correspondante à Ramallah, Emilie Baujard et notre envoyé spécial Florent Guignard
Mahmoud Abbas l’affirme : « Les discussions de paix iront jusqu’au bout du délai imparti par les Américains, c’est-à-dire pour encore 6 mois. » Une fois cette date passée, le président palestinien assure qu’il prendra « la décision appropriée ».
Mahmoud Abbas semble ainsi vouloir montrer qu’il n’est pas déstabilisé par la démission des négociateurs palestiniens la semaine dernière. Démission pour protester contre la poursuite de la colonisation israélienne. Reste à savoir maintenant qui va aller négocier avec Israël. Deux choix s’offrent à Mahmoud Abbas : soit il convainc les négociateurs de revenir, soit il forme une nouvelle équipe.
Un François Hollande modéré pour ne pas heurter
La France a traditionnellement une position équilibrée : la sécurité pour Israël, et un Etat viable pour les Palestiniens. François Hollande, c’est sa nature, est lui aussi équilibré. On s’en rend souvent compte à l’étranger, il n’est pas question de heurter celui qui vous accueille.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’extrême modération de François Hollande lorsqu’il s’est exprimé dimanche sur les colonies israéliennes : « La colonisation ne peut pas faciliter un accord de paix », s’est contenté de dire le président. Alors que François Hollande a plusieurs fois répété qu’il fallait des gestes pour la paix. Et il a même semblé considérer qu’en ayant récemment libéré des prisonniers palestiniens, Israël avait fait un geste.
Il y a de l’empathie chez François Hollande, et y a peut-être aussi de la stratégie : se rapprocher d’Israël pour être en capacité d’infléchir la position de l’Etat hébreu. Alors s’il faut des gestes pour la paix, quel geste attend donc la France des Palestiniens ? Réponse, peut-être, tout à l’heure à Ramallah.
L'empoisonnement de Yasser Arafat sera abordé
En attendant les négociations de paix, Mahmoud Abbas s’empare d’un autre dossier : celui de l’enquête sur la mort de Yasser Arafat. La thèse de l’empoisonnement a été relancée au début du mois. Et pour faire toute la lumière sur cette affaire, Mahmoud Abbas demande aujourd’hui la création d’une commission d’enquête internationale, comme celle mise en place après l’assassinat du Premier ministre libanais, Rafic Hariri en 2005.
François Hollande sera reçu à la Mouqata par Mahmoud Abbas. Et il accomplira pour sa part un geste fort : il sera le premier président français à se recueillir sur la tombe de Yasser Arafat. En 2008, lors de sa venue dans la région, Nicolas Sarkozy, l’autre ami d’Israël, s’était dérobé.
Les Palestiniens désabusés
Au Centre culturel français de Ramallah, Hasan accueille les visiteurs avec un large sourire. Lui, se rappelle de la venue en 1996 de l’ancien président Jacques Chirac. « Une visite qui n’a pas changé grand-chose à la destinée des Palestiniens, dit-il, mais c’est toujours bien qu’un chef de l’Etat français se rende sur le terrain ». Rajoy, 25 ans, le regard clair, salue, elle, l’amitié entre la France et le peuple palestinien, mais elle accuse les autorités françaises d’être trop proches des Israéliens : « Je connais beaucoup de gens qui sont Français. Ils sont gentils avec les Palestiniens. Mais je pense que la France ne veut pas aider les Palestiniens dans les cas politiques entre les Palestiniens et les Israéliens, parce qu’en France le lobby israélien, le lobby juif est trop fort ». Un sentiment partagé par d’autres jeunes Palestiniens, qui auront peut-être l’occasion de le dire à François Hollande lors de sa visite à Ramallah.
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■ Une vraie proximité affichée entre les dirigeants français et israéliens
Dès son arrivée, d’ailleurs, François Hollande s’est présenté comme l’ami d’Israël. On peut aussi penser qu’il se présentera tout à l’heure comme l’ami des Palestiniens. Mais la conférence de presse qu’ont donné dimanche François Hollande et Benyamin Netanyahu était assez parlante.
Le Premier ministre israélien regardait le président français comme ça d’un air un peu matois. Et François Hollande, lui a donné du « Cher Benyamin ». Il l’a tutoyé à plusieurs reprises. Ce n'est pas courant dans ce genre d’exercice . D'ailleurs, il l’a même embrassé, alors que Benyamin Netanyahou lui tendait la main.
Cette proximité, on la ressent aussi sur le fond, sur le dossier du nucléaire iranien. François Hollande a eu un ton, un discours, très apprécié par les Israéliens. « Nous n’admettrons jamais que l'Iran puisse détenir l’arme atomique. » La même fermeté au fond que François Hollande a pu afficher sur la Syrie ou le Mali.
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