Avec notre correspondante à Riyad, Clarence Rodriguez
Pour ces militantes saoudiennes qui réclament le droit de conduire, cette journée du 26 octobre devait être un jour symbolique. Mais sous la pression et les menaces incessantes cette semaine des autorités saoudiennes, elles ont décidé d’éviter la confrontation.
Il y a quelques semaines, une recommandation pour lever l’interdiction a été déposée par des militantes devant le Majlis al Shura, le conseil consultatif. La princesse Adila, fille du roi Abdallah, très impliquée dans les affaires relatives à la femme en Arabie Saoudite confie qu’elle préfére la discussion à l’affrontement et qu’il est préférable d’utiliser la voix officielle, comme l’on fait ces militantes à la Choura. Les autorités saoudiennes qui exècrent les tours de force, préfèrent privilégier ce mode de revendication. Revendication actuellement examinée par le roi Abdallah, qui ne serait pas défavorable à la conduite des femmes.
Irréductibles
Mais certaines irréductibles ont quand même pris le véhicule de leur père ou de leur mari pour braver l’interdit. C’est le cas de Madeha, militante de la première heure. Elle est prête à assumer tous les risques, y compris de se faire emprisonner. En 1990, lors de la première guerre du Golfe, cette femme de 58 ans avait été arrêtée parmi 47 autres Saoudiennes. Vingt-trois ans plus tard, c’est le même droit de conduire qu’elle revendique avec toujours autant de détermination : « Ce n’est pas seulement le besoin de se déplacer pour aller travailler ou aller à l’école, mais c’est également une façon de revendiquer nos droits comme citoyennes. Les jeunes femmes veulent conduire et être des membres à part entière de ce monde. »
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Depuis quelques semaines, dans les rues de Riyad, on voit de plus en plus de femmes au volant du véhicule de leur père ou de leur mari. Elles n’hésitent pas non plus à poster leurs vidéos sur les réseaux sociaux. Signe de frémissement, début octobre, le chef de la police religieuse a reçu l’ordre de ne pas faire intervenir ses agents pour ce genre d’infraction.
Il y a urgence, d’autant qu’il y a pénurie de chauffeurs dans le royaume. Les autorités réfléchissent à la mise en place d’infrastructures comme former une police féminine et des auto-écoles pour les femmes. La question est maintenant de savoir quand les femmes saoudiennes et étrangères pourront enfin conduire.
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