Hassan Rohani l’a dit lors de son séjour à New York pour l’assemblée générale de l’ONU : la crise du nucléaire peut se résoudre « d’ici trois à six mois. Une année tout au plus ». Des propos accompagnés d’une série de gestes de détente et notamment une conversation téléphonique historique entre le nouveau président iranien et son homologue américain, Barack Obama. Ambassadeur de la République islamique en France, Ali Ahani confirme qu’un nouveau chapitre commence : « Après l’élection présidentielle, il y a eu un nouveau climat en Iran », explique-t-il en parlant d’une « opportunité à saisir ».
Le changement d’atmosphère, les diplomates occidentaux l’ont noté. « Mais pour l’instant rien de concret », confie une source européenne proche des négociations.
« Offre de confiance »
De quoi va-t-on parler concrètement à Genève ? De source occidentale, on confirme que « l’offre de confiance d’Almaty » reste sur la table. Lors de leur précédente série de discussions avec l’Iran, au Kazakhstan, les « 5 + 1 » avaient proposé à Téhéran une série de gestes mutuels. L’Iran aurait fermé le site nucléaire de Fordo, suspendu l’enrichissement d’uranium à 20% et accepté la sortie de son territoire de la majeure partie de son stock de combustible enrichi. En échange de quoi, les « 5+1 » auraient levé une partie des sanctions qui pèsent sur l’économie iranienne (mais pas celles visant les exportations de pétrole iranien, de loin les plus douloureuses économiquement). Problème : avant la réunion de Genève, l’Iran a déjà exclu de se séparer de son stock d’uranium.
Négociation serrée
C’est donc une négociation très serrée qui s’engage. Avec en toile de fond le scénario catastrophe d’une intervention militaire israélienne, si l’Etat hébreu s’estimait menacé dans son existence par les progrès militaires de l’Iran. « Lorsqu’on discute avec les Iraniens, on a toujours l’impression qu’un F-15 israélien tourne autour de la table », explique un diplomate occidental.
A l’inverse, un règlement du conflit aurait de multiples conséquences positives : « Il y aura des opportunités pour les entreprises de signer des contrats en Iran », affirme le chercheur Clément Therme qui ajoute que l’Iran a un rôle à jouer dans les différentes crises régionales : Afghanistan, Irak, Syrie.
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■ VU D'ISRAEL : Une « erreur historique » de faire confiance à l'Iran
Avec notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon
Dans le dossier iranien, l’optimisme est de rigueur avec la récente détente entre l’Iran et les Etats-Unis. John Kerry, le secrétaire d’Etat américain a dit que la « fenêtre diplomatique s’ouvrait de plus en plus ». Une voix discordante cependant : celle d’Israël dont les dirigeants continuent d’appeler à sanctionner l’Iran.
« Ce serait une erreur historique d’alléger les sanctions contre l’Iran. » Devant le Parlement israélien lundi 14 octobre, Benyamin Netanyahu a de nouveau prôné la fermeté face au régime de Téhéran. Un régime qu’il accuse de mentir. Le Premier ministre est persuadé que, sous couvert de développer un programme nucléaire civil, les Iraniens préparent une bombe atomique, prête à atteindre Israël.
Pour Benyamin Netanyahu, l’Iran reste une menace, malgré les sourires affichés par ses nouveaux dirigeants. Il faut donc maintenir la pression sur Téhéran. Ces dernières semaines, le Premier ministre israélien s’est lancé dans une offensive publique et médiatique pour tenter de convaincre le reste de la communauté internationale : un discours très ferme à l’ONU, un entretien avec Barack Obama et des mises en gardes répétées, à travers la presse américaine et européenne.
Pour l’instant, Benyamin Netanyahu est isolé. Mais il faut attendre de voir ce que donneront les négociations de Genève sur le nucléaire. Car tout dépendra de l’attitude des dirigeants iraniens et de leur volonté de faire des concessions.