Avec notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi
La déclaration du ministre iranien des Affaires étrangères intervient une semaine avant la reprise des négociations nucléaires avec les grandes puissances, à Genève les 15 et 16 octobre prochains.
« L'offre précédente du groupe 5+1 [Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, plus l'Allemagne, ndlr] a rejoint l'histoire », a déclaré Mohammad Javad Zarif en demandant aux grandes puissances de venir à la table des négociations avec une nouvelle approche.
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En février dernier, les grandes puissances avaient demandé à l’Iran de suspendre son enrichissement d’uranium à 20% et de limiter ses activités à Fordo, un site enfoui sous la montagne et difficile à détruire par une action militaire. En contrepartie, elles proposaient de lever les sanctions contre le commerce de l'or et les exportations de produits pétrochimiques.
Mohammad Javad Zarif a demandé aux Occidentaux de reconnaître le droit de l’Iran à l’enrichissement d’uranium sur son sol, promettant une totale transparence sur son programme nucléaire. Or, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a de nouveau exigé l’arrêt de l’enrichissement par l’Iran.
Mais Téhéran a développé ces derniers mois ses capacités dans ce domaine et possède désormais plus de 18 000 centrifugeuses dont plus de 1 000 de la nouvelle génération bien plus puissantes que les précédentes. Ce qui laisse penser que les négociations seront difficiles.
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■ VU DES ETATS-UNIS : « Il nous faut une série de propositions de l'Iran »
Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
Le ministre iranien des Affaires étrangères estime que son pays est insulté lorsque Barack Obama maintient la pression sur Téhéran. Nous sommes prêts à négocier, a en effet expliqué Barack Obama lors de la visite du Premier ministre israélien, mais nous demandons des actes tangibles de la part de l’Iran, et nous sommes toujours prêts à intervenir en cas d’échec de ces discussions. Menaces inutiles, explique le ministre Javad Zarif, si le souhait est réellement d’aboutir à un accord.
De son côté, en marge du sommet du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) en Indonésie, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a demandé, ce lundi 7 octobre, à la République islamique de formuler de nouvelles propositions. « Ce qu'il nous faut donc, c'est une série de propositions de l'Iran qui révèlent pleinement comment ils pourront montrer au monde que leur programme est pacifique », a-t-il ainsi estimé, renvoyant la balle dans le camp iranien.
Changement de ton
Malgré la mise au point de Téhéran, le chef de la diplomatie iranienne s'est montré pourtant positif concernant le premier contact, lors de l’Assemblée générale des Nations unies :
« Les premières discussion ont été positives, mais nous ne sommes pas allés dans le détail, et habituellement il est plus difficile de négocier les détails. Mais je pense que c’est un bon début. Une réelle avancée dans le processus. Personne n’a bénéficié des relations que nous avons eues ces huit dernières années. Il y a un réel besoin de changement. Il faut mettre fin à ce qui est une situation où tout le monde perd, et j’espère, aller vers quelque chose qui sera bénéfique pour tout le monde ».
On sent un changement de ton entre Téhéran et Washington, et il faut noter que ces déclarations ont été faites dans les studios de la chaine de télévision CNN, sur le sol américain, lors d’un entretien exclusif en anglais. Une ouverture qui restera à confirmer mi-octobre lors des négociations de Genève.
■ ANALYSE : « L'Iran ne veut absolument pas suspendre l'enrichissement d'uranium »
La dernière offre présentée à l'Iran par les grandes puissances lors des négociations nucléaires n'est plus valable pour Téhéran. A quoi peut-on s'attendre désormais ? Pour Thierry Coville, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques, la poursuite de l’enrichissement de l’uranium et un allègement des sanctions internationales seront les deux points sur lesquels les Iraniens transigeront difficilement.