Hier mardi, les inspecteurs ont dû rester à leur hôtel de Damas, la situation sécuritaire ayant été jugée trop volatile pour qu’ils puissent se rendre de nouveau sur le site des attaques du 21 août, dans la Ghouta, en banlieue de Damas. Ils se sont de nouveau rendus sur le terrain ce mercredi.
Normalement, l’accord négocié avec les autorités syriennes prévoyait que les inspecteurs puissent se rendre sur ce site cinq heures par jour, pendant cinq jours. Or, pour l’instant, ils ne s'y sont rendus qu’une fois pour n'y rester 90 minutes, et sur un site qui n’était pas le site principal de l’attaque du 21 août, mais un site annexe, précise notre correspondant à New York, Karim Lebhour.
Attente des résultats de l'enquête
Cette situation irrite évidemment les Occidentaux, à commencer par les Etats-Unis. Ils estiment que cette enquête ne sert à rien, ou du moins selon les termes utilisés par le porte-parole de la Maison Blanche, qu’elle est redondante avec les informations déjà connues par les services de renseignement occidentaux, à savoir, qu’il y a bien eu une attaque chimique. L’impression, côté américain, c’est que l’ONU, finalement, ralentit une action sur la Syrie.
Du côté des Nations unies, l'impression est que ces mêmes Etats qui ont insisté pour avoir cette enquête de l’ONU sur place en Syrie, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, disent aujourd’hui que cette enquête est inutile.
La logique voudrait que l’on attende les résultats de cette enquête avant de prendre une quelconque décision sur une action militaire. Or, l’ONU, pour l’instant, refuse de donner un délai pour les premiers résultats de cette enquête.
Impatience grandissante
Tout ce que l’on sait, c’est que les échantillons qui ont été prélevés sur place ne sont pas analysés à Damas par les inspecteurs, mais doivent sortir de Syrie. Les Etats-Unis, et les Européens de plus en plus, perdent patience. Ils savent aussi que toute initiative au Conseil de sécurité sera bloquée par la Russie, et qu’attendre les résultats de l’enquête de l’ONU risque, en fait, pour Barack Obama d’apparaître hésitant ou faible, à un moment où il veut agir vite. De fait, un vice-ministre des Affaires étrangères, Vlamidir Titov a déclaré ce mercredi que tant que les inspecteurs des Nations unies n'auront pas présenté leur rapport, il est «inopportun» de «discuter de toute action au Conseil de sécurité». Rappelons que la mission des inspecteurs des Nations unies en Syrie s'achève ce dimanche 1er septembre.
Le Royaume-Uni présente une motion au Conseil de sécurité
David Cameron, le Premier ministre britannique l'a annoncé ce mercredi matin, Londres va présenter une résolution devant le Conseil de sécurité de l'ONU pour condamner les attaques chimiques et autoriser les mesures nécessaires « pour protéger les civils ». C'est ce type de résolution qui avait permis à l'Otan d'intervenir en Libye en 2011. A l'époque la Russie et la Chine n'avaient pas mis leur veto, cela risque d'être plus compliqué cette fois.
Face à la menace d'un nouveau refus, la piste d'un contournement du Conseil de sécurité fait son chemin, comme pour l'Irak en 2003. Mais le représentant spécial de l'ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi a affirmé ce mercredi que le droit international était clair : toute action militaire doit obtenir l'aval de l'ONU.